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Le Danemark veut interdire les autodafés de corans

Le ministre des affaires étrangères danois, Lars Lokke Rasmussen, le ministre de la justice, Peter Hummelgaard, et le vice-premier ministre, Jakob Ellemann-Jensen, présentent un projet de loi sur l’interdiction de brûler le Coran, à Copenhague, le 25 août 2023.

Le gouvernement danois a présenté à la presse, vendredi 25 août, un projet de loi pour interdire les autodafés de corans, après que des profanations du livre saint de l’islam ont entraîné des tensions dans plusieurs pays musulmans. La loi va « interdire le traitement inapproprié d’objets ayant une signification religieuse importante pour une communauté religieuse », a précisé le ministre de la justice, Peter Hummelgaard.

Le texte vise le fait de brûler ou de piétiner ces objets dans un lieu public, mais aussi dans un lieu privé s’il y a l’intention de diffuser ces profanations plus largement. La disposition légale s’appliquera donc aussi aux profanations de la Bible, de la Torah ou de symboles religieux comme le crucifix. Brûler des corans est un « acte fondamentalement méprisant et antipathique » et « nuit au Danemark et aux intérêts danois », a poursuivi le garde des sceaux.

Le projet de loi ne couvrira pas « l’expression verbale ou écrite » de ces gestes, dont les caricatures, a précisé le ministre en affirmant que le Danemark continuait à revendiquer son fort attachement à la liberté d’expression malgré les critiques de certains partis de l’opposition qui estiment qu’il la néglige.

Le Danemark a abrogé le délit de blasphème il y a six ans

Si ce projet de loi est approuvé par le Folketinget, où le gouvernement a la majorité, le contrevenant s’exposera à une amende ou à une peine de prison de deux ans au maximum. Il y a six ans, le Danemark avait abrogé le délit de blasphème, disposition vieille de trois cent trente-quatre ans qui sanctionnait les insultes publiques envers les religions.

Après les troubles suscités dans des pays musulmans à la suite des profanations du Coran au Danemark, le pays scandinave avait un temps renforcé ses contrôles aux frontières, avant de revenir à la normale le 22 août. Les autodafés ont « engendré une grande colère dans le monde entier », a aussi déclaré le ministre des affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, lors du point de presse.

Le Danemark et son voisin suédois ont ainsi cristallisé la colère au sein de pays musulmans. En Irak par exemple, des centaines de manifestants partisans de l’influent leader religieux Moqtada Al-Sadr ont tenté à la fin de juillet de marcher en direction de l’ambassade danoise à Bagdad. Aussi, à la fin de juillet, l’Algérie a annoncé avoir convoqué les représentants diplomatiques du Danemark et de la Suède afin de protester contre des profanations récentes du Coran à Copenhague et Stockholm.

Situation « aussi incertaine » qu’« imprévisible »

« Nous avons fait de gros efforts pour contenir cette colère. A l’heure actuelle, la situation est assez calme, mais aussi incertaine et imprévisible », a noté Lars Lokke Rasmussen : il prévoit qu’à « court terme on verra probablement plutôt plus d’autodafés de corans que moins », avant l’entrée en vigueur de la loi.

En 2006, une vague de violences antidanoises avait embrasé le monde musulman après la publication de caricatures de Mahomet. En Suède, où des dégradations similaires du livre saint des musulmans ont régulièrement lieu depuis quelques mois, les autorités réfléchissent aux moyens de limiter l’organisation de manifestations prévoyant de brûler des corans, tout en respectant la liberté d’expression. Devenue « cible prioritaire » d’organisations djihadistes, selon ses services de renseignement, la Suède a relevé à la mi-août son niveau d’alerte terroriste à 4, sur une échelle de 5.

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Au Danemark, il est à ce niveau « depuis plusieurs années », avaient alors précisé les renseignements danois à l’Agence France-Presse. « Bien que les incidents récents aient accru la menace, il n’y a actuellement aucune raison d’élever le niveau de menace à “très sérieuse”, c’est-à-dire au niveau 5 », avaient-ils déclaré.

Le Monde avec AFP

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