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Gérald, Edouard, Bruno, Gabriel et les autres… Le bal des ambitions pour 2027 est ouvert

Au sommet de l’Etat, tout le monde l’avait théorisé : les hostilités pour 2027 ne devaient pas démarrer avant les Jeux olympiques de 2024, à mi-quinquennat. Las. Sous les coups de boutoir de Gérald Darmanin, le bal des ambitions s’est ouvert dès cette rentrée. En déclarant mi-août dans Le Figaro qu’il se projetait désormais vers 2027, l’éconduit de Matignon a agacé de nombreux élus de la majorité, dénonçant un crime de lèse-majesté. A l’été 2022, l’intéressé assurait pourtant devant Le Monde qu’il était bien trop tôt pour penser à la prochaine présidentielle. « Nous devons tous être assez intelligents pour comprendre que le combat, ce n’est pas maintenant, c’est 2025 », confiait-il en marge d’un déplacement à Mayotte. Puis : « Le premier qui franchira la ligne sera handicapé pour la suite… »

Finalement, comme jadis son mentor, Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin a lancé les grandes manœuvres, un an seulement après la réélection d’Emmanuel Macron. Il y a vingt ans, aussitôt après la délicate réélection de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, le ministre de l’intérieur de l’époque (parallélisme des formes !) avait lui aussi fait part de ses ambitions, en déclarant, dès 2003, qu’il pensait à 2007, et « pas seulement en [se] rasant ». On connaît la suite.

Mais la voie pour les candidats à la succession de M. Macron étant très embouteillée, chacun doit chercher un créneau pour se distinguer, s’aménager un espace politique. Gérald Darmanin, lui, vise les « classes populaires », « la clé » du futur scrutin. « Il ne faut pas laisser l’électorat populaire seul avec le RN [Rassemblement national] », confie-t-il, se désolant que personne, dans la majorité, ne s’adresse à cet électorat. Lui qui n’a de cesse de rappeler ses origines modestes veut croire que son positionnement « séguino-chevènementiste » lui permettra de se différencier de ses rivaux, l’ex-premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, lesquels « se disputent le créneau libéral et progressiste ». « Moi, je n’ai pas de double », affirme-t-il.

Un pari risqué

Cette offensive estivale a passablement irrité l’un des gardiens du temple du macronisme, Gabriel Attal, qui juge celle-ci précipitée et gênante pour le président. Mais si le ministre de l’éducation fait mine de ne pas comprendre à qui son collègue de l’intérieur veut s’adresser (« Qu’entend-il par “classes populaires” ? »), c’est pour mieux développer sa propre stratégie au chevet des « classes moyennes », « ces Français qui travaillent et en ont assez de financer un modèle permettant à d’autres de ne pas travailler ». Si Marine Le Pen attire à elle cette catégorie de Français, s’inquiète-t-il, elle est assurée de gagner la présidentielle. « Les mouvements sociaux précèdent toujours les mouvements politiques », analyse M. Attal.

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