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Avant sa rentrée politique, Gérald Darmanin se cherche un espace et des soutiens

Dans l’ancien monde, les politiques se vantaient d’aller chercher les voix « avec les dents ». Gérald Darmanin, lui, va chercher les soutiens avec les dents, les fourchettes et les verres qui s’entrechoquent… Il est 23 h 30, jeudi 24 août, et voilà plus de trois heures que le ministre de l’intérieur et des outre-mer dîne en tête-à-tête avec Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, sur les hauteurs de Brest (Finistère), dans la salle à manger de l’austère sous-préfecture déserte. A l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, les deux hommes, qui pratiquent la même langue, s’adonnent à leur occupation favorite : ils parlent « popol » – de politique.

Il est vrai que l’heure est grave. Dans trois jours, Gérald Darmanin réunit ses soutiens dans la ville de Tourcoing (Nord), dont il a été élu maire à deux reprises. Déçu de n’avoir pas été nommé à Matignon par le chef de l’Etat lors du remaniement du 20 juillet, il sortira de son couloir de nage pour parler aux « classes populaires ».

Un acte d’affirmation politique en réaction à la reconduction de la première ministre, Elisabeth Borne, alors qu’Emmanuel Macron a été à deux doigts, le temps d’un week-end, début juillet, de le nommer à sa place à Matignon. Quelques personnalités de la Macronie (le secrétaire général du parti présidentiel, Stéphane Séjourné, le ministre des transports, Clément Beaune, ou le patron du MoDem, François Bayrou) lui ont barré la route, estimant que la nomination de l’ancien du parti Les Républicains (LR) déplacerait trop à droite le centre de gravité de la majorité.

L’élu du Nord en a froidement tiré une conclusion : un tel alignement des planètes a fort peu de chances de se reproduire d’ici à la fin du quinquennat. Emmanuel Macron, lorsqu’il se séparera de sa première ministre, choisira un macroniste « pur jus », Julien Denormandie ou Gabriel Attal, se figure-t-il. Lui qui, avec les outre-mer et la ville dans son portefeuille, considère qu’il est à la tête d’un « petit Matignon », décide alors de s’émanciper, et de partir à l’offensive.

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« La politique, c’est créer son espace »

Pour cela, il entend élargir son auditoire. Montrer aux macronistes qu’il n’est pas le droitier que l’on pense. « La politique, c’est créer son espace », confie-t-il au Monde. Le vrai clivage ne serait plus entre la droite et la gauche, à ses yeux, mais entre ceux qui connaissent la France profonde et ceux qui vivent dans les centres-villes. Il lui faudra donc, à Tourcoing, des appuis venus de la gauche pour équilibrer les nombreux soutiens de droite. Son ami Olivier Dussopt, ministre du travail, ancien socialiste, sera là. Tout comme le député Renaissance de la Gironde Florent Boudié, ex-Parti socialiste (PS). Mais la présence de Richard Ferrand, ex-socialiste et intime du président, figure tutélaire de la Macronie, avec lequel il s’entend bien, produirait son effet.

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