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La préfectorale secouée par plusieurs affaires de sexisme et de harcèlement sexuel

Gérald Darmanin, Emmanuel Macron et le préfet Alain Thirion, au Centre opérationnel de gestion interministerielle des crises, à Paris, le 15 juillet 2022,  alors que M. Thirion le dirigeait alors.

Malgré le soleil et la trentaine de degrés, tous ont gardé leurs gants blancs et leurs costumes marine impeccables. En ce 28 juin, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), même le chant des cigales n’a pas perturbé la solennité du baptême annuel de l’Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp). Impassibles, les quelque 900 élèves mis à l’honneur ce jour-là ont entonné une Marseillaise a cappella. La ministre des collectivités territoriales, Dominique Faure, a prononcé un discours.

Directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC), le préfet Alain Thirion, 62 ans, était lui aussi présent. Ses médailles d’officier de l’ordre national du Mérite et de chevalier de la Légion d’honneur épinglées à sa veste, il a passé en revue les effectifs. Sur les marches de la tribune du campus de l’Ensosp s’affichaient, en lettres capitales, quelques mots : « loyauté », « dévouement » et « exemplarité ». La fête s’est poursuivie dans les jardins en toute convivialité, alors que la chorale de l’école reprenait la célèbre chanson d’Edith Piaf Non, je ne regrette rien.

Que s’est-il passé, quelques heures plus tard, durant la nuit du 28 au 29 juin, dans l’un des « hôtels » de l’école ? Selon nos informations, Alain Thirion, hébergé sur place, se serait introduit par surprise, nu, dans la chambre d’une collaboratrice, avant de se faire éconduire. Celle-ci a par la suite dénoncé les faits et le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire du chef d’« agression sexuelle ». « Si un incident des plus délicats pour M. Thirion l’a conduit à venir chercher de l’aide auprès d’un voisin de chambre dont il ignorait totalement l’identité, l’analyse de la situation rend les allégations qui circulent particulièrement consternantes », affirme au Monde Me Marie-Alix Canu-Bernard, l’avocate du préfet. Elle évoque, sans plus de précision, des faits « absolument non susceptibles de revêtir une qualification pénale quelconque ». Son client, ajoute-t-elle, « réserve ses explications à ses pairs ».

Une chose est sûre : dès le 3 juillet, le préfet a été suspendu à titre conservatoire, comme l’a révélé Corse-Matin dès le lendemain. Une enquête de l’inspection générale de l’administration (IGA) a été ouverte, dont les conclusions sont attendues dans quelques jours. Le 5 juillet, en conseil des ministres, Julien Marion a été nommé pour prendre la tête de la DGSCGC.

Le #metoo de la préfectorale ?

Le corps préfectoral est-il en train de traverser un inédit moment #metoo ? Fait rarissime, ces derniers mois, deux autres préfets avaient déjà été suspendus en raison notamment d’accusations de comportements déplacés envers des femmes. Le Canard enchaîné s’est d’abord fait l’écho de la suspension à titre conservatoire, le 21 mars, de Ziad Khoury, alors coordinateur national pour la sécurité des Jeux olympiques de Paris 2024. Puis, par un arrêté du ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, le 8 juin, il a été mis fin aux fonctions de M. Khoury, « à sa demande ».

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