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Jérémie Iordanoff, député écologiste : « Pour parer au reflux de la démocratie, il est nécessaire de réhabiliter l’engagement partisan »

A contre-courant peut-être, je crois en la nécessité de renforcer les partis politiques et de réhabiliter l’engagement partisan. L’affaiblissement des partis va de concert avec l’affaissement du débat public, la baisse de la confiance dans nos institutions et la fragilisation de la démocratie. L’étiage ridicule du nombre d’adhérents comme la défiance démesurée envers les partis sont des signaux d’alerte. Il n’y a pas de démocratie sans partis politiques.

Les causes de la désaffection française pour les partis sont nombreuses, à commencer par les excès de la IVe République. La conception du fondateur de la Ve n’a rien arrangé : « Le régime des partis, c’est la pagaille », disait le général de Gaulle.

En réalité, l’antipartisme est persistant et a même tendance à prospérer. En 2017, l’avènement d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, sans organisation établie derrière lui, en est une illustration. Cela n’a rien donné de bon en termes démocratiques. Dans ce schéma-là, personne autour du chef n’a de légitimité propre. Or, au sein de la majorité, au gouvernement comme au Parlement, si les différents acteurs n’ont pas l’once d’un rapport de force avec le chef de l’Etat, ils ne sont pas en capacité d’exercer dûment leurs fonctions.

Tous concernés

Rien d’inéluctable. Encore faut-il prendre conscience du problème et réagir. Sur le terrain de la mécanique, il y a quelques évolutions à proposer. D’abord, mieux définir les partis. Notre Constitution les mentionne de manière élusive à son article 4 au même titre que les « groupements politiques » sans que l’on sache la distinction. La Constitution devrait également disposer, à l’instar de la Loi fondamentale allemande, que « leur organisation interne doit être conforme aux principes démocratiques ». Sur le terrain du financement, il conviendrait de supprimer les niches fiscales – niches qui survalorisent l’opinion des plus aisés – et prendre en compte pour le calcul des financements publics les élections régionales et européennes en plus des législatives. On pourrait aussi diminuer les plafonds de dépenses des campagnes et mieux financer les partis.

Mais là n’est pas l’essentiel. Plus qu’à la grammaire, je crois à la syntaxe de la démocratie. Au-delà du cadre légal, c’est la culture, l’éducation, la manière de se considérer dans la cité, de construire la décision, de croiser le fer avec l’adversaire, de débattre, d’affronter des idées plutôt que des personnes qui importent. « La démocratie est d’abord un état d’esprit », selon les mots de Pierre Mendès-France.

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