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Autour de l’étang de Berre, la canicule oblige chacun à modifier son emploi du temps : « Je n’ai jamais eu chaud comme ça »

Pour la deuxième fois de l’été, les températures flirtent avec les 40 °C au bord de l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône). Et la maigre brise qui court sur les vagues de cette étendue d’eau salée ne rafraîchit rien. Le 10 juillet déjà, la commune de Saint-Chamas a décroché le titre de ville la plus chaude de France avec une pointe à 40 °C. En cette semaine du 20 au 25 août, c’est tout le département qui est placé en alerte canicule orange. Un cran en dessous du Vaucluse voisin, passé, mercredi 23 août, en rouge. Un classement qui frappe dix-sept autres départements français, tous situés sur une transversale reliant la Haute-Loire aux Hautes-Pyrénées.

Au domaine de Sulauze, à Miramas (Bouches-du-Rhône), les saisonniers font leur pause de 10 heures à l’ombre. Ils vendangent de 6 h 30 à 13 heures, le 21 août 2023.

A quelques kilomètres de Saint-Chamas, au domaine viticole de Sulauze, en bordure de la plaine de la Crau, le coup de chaleur tombe mal. Guillaume Lefèvre, le maître des lieux depuis 2004, rêvait d’une petite pluie autour du 15 du mois. Raté. Depuis début juin, rien ne tombe. Le 18 août, il a donc anticipé de trois jours le début des vendanges. « Avec ces températures, le raisin cuit. Ça fait monter le degré alcoolique, ça donne un goût de pruneau au vin… Je n’aime pas ça », explique-t-il, en nettoyant, torse nu et à grandes eaux, l’un des deux pressoirs de la cave. Son seul moment de fraîcheur de la matinée.

Les raisins destinés à la production de rosé, les plus sensibles, ont été ramassés en premier. De nuit « pour qu’ils restent frais », et à la vendangeuse. Le reste des parcelles, lui, sera récolté en journée à la main par une vingtaine d’ouvriers. Et les grains attendront d’être pressés en salle réfrigérée. Momo, qui ne souhaite pas qu’on le désigne autrement, en est à sa onzième saison de vendanges à Sulauze. Perché sur une remorque, écrasé de soleil, le quinquagénaire transpire à grosses gouttes en récupérant les seaux remplis de grappes par les cueilleurs.

Terre durcie

Dans ce lopin planté de syrah, sans la moindre ombre, le travail a commencé au lever du jour, vers 6 h 30. Et s’arrêtera peu après midi. Bob enfoncé sur la tête, lunettes teintées qui lui couvrent la moitié du visage, débardeur sur peau tannée, Momo souffre. « Je n’ai jamais eu chaud comme ça », concède-t-il. Entre deux seaux, il se dit inquiet de l’évolution du climat, qu’il constate à chaque vendange. « Peut-être qu’ici dans quelques années, on ne cueillera plus que des figues de barbarie », prophétise-t-il.

Guillaume Lefèvre mesure la densité de départ du raisin pour les fermentations du vin, à Miramas (Bouches-du-Rhône), le 21 août 2023.
Lors de l’arrosage avant la troisième coupe du foin, Marie-Paule Richard et Mickael, l'employé du domaine, s'assurent que l'eau a bien atteint l'autre bout du champ, à Istres (Bouches-du-Rhône), le 21 août 2023.

Au domaine Coromandel, de l’autre côté de la départementale 569, l’effet de la canicule se lit à d’autres indices. Comme ces platanes centenaires, immenses, qui perdent déjà leurs feuilles, brûlées par le soleil. Mais aussi ces foins, pourtant d’un beau vert électrique, qui ne montent pas. « Au-dessus de 32 °C, la pousse se bloque », rappelle Marie-Paule Richard, la propriétaire de cette exploitation agricole familiale de 45 hectares, tonique septuagénaire, dont la fille, Caroline, se prépare à prendre la succession.

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