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L’île grecque de Poros vent debout contre la croissance effrénée de la pisciculture

Dans la paisible baie de Poros, petite île du golfe Saronique située à une heure et demie d’Athènes, Fay Orfanidou, la directrice de l’ONG locale Katheti, ne se laisse pas bercer par la chaleur ambiante, en ce début du mois de juillet. Depuis des mois, elle s’active contre un projet de l’Etat grec qui vise à transformer son île en zone stratégique pour le développement de la pisciculture.

Un quart des côtes pourrait bientôt être envahi de bassins d’élevages à poissons dans des criques aux eaux vertes et turquoise jusqu’à présent préservées. Poros possède déjà quatre bassins, créés dans les années 1990 dans le nord de l’île. Mais le nouveau projet, mené par l’entreprise Avramar, prévoit de multiplier par huit la production de daurades et de bars en seulement cinq ans, pour passer à 8 831 tonnes.

« Pourquoi décider de faire un élevage intensif sur une île qui vit à plus de 90 % du tourisme et qui attire les visiteurs pour la qualité de ses eaux ? », soupire Fay Orfanidou, qui a lancé une pétition en ligne. Selon la militante, l’étude environnementale commissionnée par Avramar, leader en Europe dans la production de bars et de daurades et dont les actionnaires sont des fonds d’investissement américain (Amerra Capital Management) et émirati (Mubadala), indique que les déchets produits par l’activité aquacole vont être équivalents à ceux d’une ville de 35 000 personnes, alors que Poros n’a que 3 500 habitants.

Des pancartes contre les fermes piscicoles affichées sur une école de l’île de Poros, en Grèce, le 4 juillet 2023.
Andreas Kaikas dans son restaurant, Le Chat Blanc, sur l’île de Poros, en Grèce, le 4 juillet 2023.

Assis à la terrasse de sa taverne, Le Chat Blanc, Andreas Kaikas, membre du comité local des entreprises touristiques, estime que les quatre bassins de pisciculture installés dans le nord de l’île ont déjà fait des dégâts. « Quand j’étais enfant, j’allais plonger dans cette partie de l’île. Les fonds étaient magnifiques, avec plein de poissons. Désormais, ils sont complètement nus, sans algues. Que va-t-on laisser à nos enfants ? », se demande-t-il.

« Faible teneur en carbone »

L’accumulation de déchets, d’excréments de poissons ou même de poissons morts, riches en azote, menace la vie marine et particulièrement la posidonie, cette plante aquatique qui sert de refuge à plusieurs espèces et oxygène l’eau. Sa présence est le signe d’une grande limpidité et de la qualité de la mer. Petros Varelidis, secrétaire général au ministère grec de l’environnement, confirme que les activités piscicoles sont « interdites dans le cas où des herbiers de posidonie existent dans la zone ». « L’étude commanditée par l’entreprise affirme qu’il n’y a pas de posidonie, alors qu’elle est visible même à l’œil nu dans plusieurs parties de l’île », s’insurge Fay Orfanidou. Le nord, qui n’est pas accessible par la route, est aussi le plus sauvage, et abrite des phoques moines, une espèce protégée, des hérons, des cormorans, des tortues marines.

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