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L’échec de Luna-25, symptôme du déclassement russe dans l’espace

Lancé dès 2005, le programme Luna-25 devait marquer le grand retour de la Russie dans la course à la Lune, celle-ci faisant aujourd’hui figure de nouveau terrain de jeu dans le domaine de l’espace. Son échec, entériné dimanche 20 août par un communiqué de l’agence Roscosmos annonçant la perte de cette sonde, sonne finalement comme un désaveu pour l’ensemble du programme spatial de Moscou, après des années de déconvenues et des milliards de roubles engloutis.

L’objectif était ambitieux : lancée dans la nuit du jeudi 10 au vendredi 11 août du nouveau cosmodrome de Vostotchny, dans l’Extrême-Orient russe, Luna-25 devait se poser sur le pôle Sud lunaire. Il s’agissait d’une première, les appareils terrestres alunissant habituellement dans la zone équatoriale de la Lune, plus propice à la manœuvre.

L’intérêt d’un tel objectif réside dans le fait que de la glace d’eau a été observée dans les cratères de cette région polaire. La sonde devait, après son alunissage, prélever et analyser des échantillons du sol. Son prédécesseur, Luna-24, lancé en 1976, avait déjà permis aux scientifiques soviétiques d’être les premiers à prouver que le régolithe, la fine couche de poussière produite par l’impact des météorites qui recouvre la surface de la Lune, contenait de l’eau.

Pas de remise en cause des ambitions russes

Las, l’appareil de 800 kilos s’est probablement écrasé au moment d’alunir. « Selon les observations préliminaires, la station a cessé d’exister à la suite d’une collision avec la surface lunaire, précisait dimanche Roscosmos. Les mesures prises pour rechercher l’appareil et entrer en contact avec lui n’ont donné aucun résultat. »

Cette disparition ne devrait pas remettre en cause les ambitions russes. Celles-ci ont été régulièrement réaffirmées par le président russe, Vladimir Poutine, et elles prennent une dimension particulière à l’heure où Moscou, exclu d’un certain nombre de coopérations avec les Occidentaux du fait de la guerre en Ukraine, entend démentir tout isolement ou déclassement scientifique. Plusieurs programmes (envoi de satellites lunaires ou de sondes) doivent ainsi succéder à Luna-25, avec la volonté de faire alunir des cosmonautes en 2029, pour la première fois dans l’histoire soviétique et russe.

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Il reste que l’échec de la mission, lancée avec quinze ans de retard, jette une lumière crue sur l’état des programmes spatiaux russes. Depuis 1991, toutes les tentatives de Moscou d’atteindre d’autres astres ont échoué, notamment Mars-96 et Phobos-Grunt, qui devait rejoindre l’un des deux satellites de Mars en 2011. Certes, la Russie conserve des compétences importantes dans d’autres domaines (lancement de satellites, participation à la Station spatiale internationale…). Mais il devient difficile de ressusciter l’affrontement avec les Etats-Unis du temps de la guerre froide.

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