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L’économie chinoise au défi du ralentissement

Ces trente dernières années, la croissance de la Chine semblait irrésistible. Malgré les aléas de la conjoncture, le rattrapage économique du pays sur le monde développé a suivi son propre rythme, défiant les cycles et les chocs extérieurs. L’année 2023 devrait marquer un tournant. Après la politique insensée du zéro Covid, c’est-à-dire de fermeture stricte du pays pour lutter contre la pandémie, le rebond espéré n’a pas eu lieu. Pis, alors que les pays occidentaux ont effacé en grande partie les stigmates du choc sanitaire, la Chine rencontre des difficultés persistantes qui sont autant de menaces pour la stabilité de l’économie mondiale.

Le rythme de croissance du PIB au deuxième trimestre a été divisé par trois par rapport au premier, affichant une hausse poussive de 0,8 %, qui fait douter de la capacité de la Chine à atteindre l’objectif de 5 % fixé pour l’ensemble de l’année.

Tandis que la deuxième économie mondiale est entrée en déflation en juillet et que le chômage des jeunes atteint des sommets, les principaux moteurs de l’économie connaissent de sérieux ratés. D’abord, le « made in China » n’est plus aussi attractif à l’étranger. Les pays développés, confrontés à la hausse des taux d’intérêt, ont réduit leurs importations. De plus, en sortie de Covid-19, les consommateurs occidentaux ont orienté leurs dépenses davantage vers les services que vers les produits manufacturés, dont la Chine fournit un tiers de la demande mondiale.

Crise du logement

Ensuite, la consommation des Chinois est incapable de prendre le relais de la baisse des exportations. Les ménages rechignent à dépenser. L’effet richesse, nourri par la hausse continue ces dernières années des prix de l’immobilier, s’est éclipsé. Le logement, qui avait connu une croissance effrénée, est plongé dans une crise profonde depuis la décision de Xi Jinping de réguler plus sévèrement un secteur en surchauffe. Les mesures, sans doute nécessaires pour assainir une activité qui représente plus d’un quart du PIB chinois, ont provoqué une cascade de faillites chez les promoteurs, une fragilisation des créanciers et une chute inédite du prix des appartements, qui sape la confiance des propriétaires.

Enfin, le tour de vis politique décidé par le président chinois pour faire rentrer dans le rang le secteur technologique et éducatif, ajouté aux tensions géopolitiques avec les Etats-Unis et à la volonté des Européens de réduire leur dépendance à l’égard d’une Chine perçue désormais comme une menace, a fini par casser la dynamique.

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Faute d’avoir su mener à temps la mutation économique d’un pays qui a réussi son décollage en devenant l’« usine du monde » vers un modèle s’appuyant davantage sur la consommation intérieure, le pouvoir chinois se retrouve face à un dilemme. Poursuivre l’assainissement au prix de tensions sociales et financières aux conséquences incertaines, ou bien renflouer les secteurs en difficulté et les gouvernements locaux, étranglés par la dette, au risque d’entamer la crédibilité politique du régime sur sa capacité à mener les réformes nécessaires.

La baisse timide et insuffisante des taux de certains prêts bancaires décidée lundi 21 août et les atermoiements sur le recours à l’arme budgétaire pour relancer l’économie montrent l’embarras du pouvoir chinois. Mais plus les décisions tarderont, plus les moyens à déployer devront être importants pour enrayer une mécanique déflationniste qui risque de peser durablement sur la croissance chinoise, et mondiale.

Le Monde

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