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Clara Locher débusque les liaisons dangereuses entre chercheurs et revues scientifiques

Retrouvez tous les épisodes de la série « Chasseurs de fraude » ici.

Ils et elles n’ont pas leur pareil pour flairer un article plagié, détecter des images falsifiées, etc. Détectives amateurs ou professionnels, les chasseurs de fraude scientifique forment un petit club hétéroclite… auquel Clara Locher ne se sent pas appartenir. « Des chercheurs comme Elisabeth Bik font un travail extraordinaire pour révéler des manquements à l’intégrité, salue d’emblée la pharmacologue, praticienne hospitalière au CHU de Rennes. Mais le terme “chasseur de fraude”, qui renvoie à un côté policier, voire justicier, me semble réducteur et ne reflète pas la nécessité de mettre en place une démarche positive favorisant les bonnes pratiques. »

Au quotidien, elle s’y emploie selon deux principaux axes, l’acculturation et la recherche clinique. Comme méthodologiste, cette passionnée de 39 ans accompagne dans leurs projets de recherche clinique des médecins et d’autres professionnels de son CHU. En amont, elle les aide à délimiter la question scientifique, à définir la méthode et les moyens ad hoc nécessaires à l’obtention de réponses interprétables et robustes ; en aval, elle peut les guider dans le processus de publication. Au-delà, Clara Locher est investie dans des missions locales, avec Florian Naudet, professeur de thérapeutique dans le même hôpital, pour promouvoir la science ouverte, notamment le partage des données.

Et puis il y a ses propres travaux. Dès le début de ses études de pharmacie, à Lyon, elle avait déjà contracté le virus de la recherche, ce qui l’a conduite à faire en parallèle Normale-Sup bio, puis une thèse de science en immuno-oncologie. Mais c’est finalement en métarecherche, une discipline qui a fait de la recherche elle-même son principal sujet d’étude, qu’elle s’est spécialisée. Objectif : « prendre de la hauteur » sur la façon dont se fait la science. Au risque de tomber violemment de sa chaise.

Faiblesses méthodologiques

C’est précisément ce qui lui est arrivé en lisant la première publication de l’équipe de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille évaluant l’efficacité de l’hydroxychloroquine (HCQ) contre le Covid-19. On est en mars 2020, au tout début de la pandémie. Sidérée par les faiblesses méthodologiques de cet essai clinique sur un effectif très limité, accepté pour publication en moins de vingt-quatre heures, Clara Locher tente, avec d’autres, de tempérer l’emballement avec des arguments rationnels. Sur Twitter (devenu X), elle explique pourquoi les résultats ne sont pas exploitables. Ni dans un sens ni dans l’autre. En vain. « On s’est rendu compte que ce type de débat était inaudible pour le grand public, du fait de l’argument d’autorité de Didier Raoult, lié au prestige de son CV et de ses publications », se souvient-elle.

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