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L’économiste Daniel Cohen est mort

Daniel Cohen, lors d’un colloque au ministère des finances, à Paris, le 23 janvier 2015.

L’économiste Daniel Cohen, spécialiste de la dette souveraine, professeur à l’Ecole normale supérieure et membre fondateur de l’Ecole d’économie de Paris, est mort dimanche 20 août à Paris, a appris Le Monde. Il avait 70 ans. Lauréat du Prix du livre d’économie – en 2000, pour son ouvrage Nos temps modernes (Flammarion, 2008), et en 2012 pour Homo Economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux (Albin Michel, 2012), il a également été membre du conseil de surveillance du Monde de 2010 à 2021, où il avait publié de nombreuses analyses.

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« On a tous été élèves de Daniel Cohen, j’ai toujours été très impressionné par ses capacités pédagogiques et son approche pluridisciplinaire », confiait l’économiste Gabriel Zucman au Monde en 2019, dans le cadre d’un article sur les économistes français, dont M. Cohen est l’une des figures depuis la fin des années 1990. Pour Daniel Cohen et ses disciples de l’étude de l’économie à la française, l’humain ne peut être considéré comme un homo economicus et son comportement doit être analysé avec l’apport de toutes les sciences sociales.

Conseiller de la banque Lazard, chroniqueur à L’Obs, membre entre 1997 et 2012 du Conseil d’analyse économique, il a publié de nombreux livres, outre ceux pour lesquels il s’est vu décerner les Prix du livre d’économie : Richesses du monde, pauvretés des nations (Flammarion, 1997) ou encore Homo numericus. La « civilisation » qui vient (Albin Michel, 2022)…

« Un éblouissant pédagogue »

Après l’annonce de sa mort, plusieurs personnalités ont tenu à lui rendre hommage. Emmanuel Macron a salué « un homme d’idéal et de transmission. De débats et d’engagement ». « Nous perdons un grand intellectuel, un économiste qui fit rayonner notre recherche française, un humaniste sincère. » Pour la première ministre, Elisabeth Borne, « sa vision de l’économie française et des grandes révolutions, notamment numérique, manqueront au débat public ». L’ancien président François Hollande évoque, lui, « une immense perte pour la recherche économique et pour l’analyse [des] sociétés », et rappelle que l’économiste « avait contribué à éclairer nos choix sur la crise financière et celle des dettes souveraines ». En 2012, Daniel Cohen avait fait connaître son soutien au candidat socialiste, dans une tribune collective publiée dans Le Monde.

« Un grand économiste français nous a quittés », écrit le ministre délégué chargé de l’industrie, Roland Lescure, sur X (anciennement Twitter) : « Daniel Cohen alliait rigueur et sens de la pédagogie, deux qualités qui ne vont pas toujours ensemble, et qui rendaient ses interventions publiques précieuses. » « Son talent d’économiste, sa virtuosité et sa clarté d’exposition étaient uniques et faisaient de lui un éblouissant pédagogue », loue également l’ancien ministre de l’économie Pierre Moscovici, aujourd’hui premier président de la Cour des comptes, qui se dit « très triste et ému ».

L’actuel ministre de l’économie, Bruno Le Maire, rend hommage à un « immense économiste, mais aussi un pédagogue hors pair, un défricheur d’idées nouvelles, un auteur brillant et convaincant », et souligne que M. Cohen a été « un conseil précieux pendant la crise du Covid[-19] ». De son côté, le député européen écologiste Yannick Jadot a fait part de son « immense tristesse » : « Daniel Cohen n’était pas seulement un économiste remarquablement intelligent, connecté aux enjeux de notre temps. Il était profondément humaniste, engagé, disponible, drôle. »

Le Monde


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