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Casino : « Il semble que les fonds activistes vendeurs aient conduit un travail d’investigation méticuleux »

Dans une tribune publiée le 3 août dans Le Monde, le professeur Jean-Philippe Denis s’est livré à une analyse des attaques menées par les fonds activistes sur les entreprises cotées, soulignant à juste titre qu’elles procédaient d’une « nouvelle phase du capitalisme ». Pour autant, le cas de Casino mis en avant présente des singularités qu’il est utile de souligner pour alimenter le débat nécessaire sur ces évolutions.

Tout d’abord, les fonds activistes visés dans l’article sont en réalité des fonds « vendeurs ». Leur stratégie, leur mode de financement et l’influence qu’ils exercent sur la valorisation et la gouvernance des cibles sont radicalement différents des fonds activistes au sens classique du terme, si bien que l’utilisation du même terme « activiste » est trompeuse. Ces derniers investissent en capital dans les entreprises, prennent des positions minoritaires significatives (de l’ordre de 2 % à 10 %) et construisent des coalitions pour imposer des décisions aux dirigeants. Ils peuvent même obtenir le départ du chef d’entreprise, comme dans le cas de Danone, en 2021. Les batailles sont parfois violentes, mais les règles existent et continuent d’évoluer, notamment en matière de transparence sur les franchissements de seuils de contrôle. Aussi, si les effets sur les parties prenantes et la société restent largement à étudier, les études académiques confirment que les autres actionnaires minoritaires sont gagnants.

Responsabilité des administrateurs

L’activisme vendeur auquel se réfère l’article est différent. Il parie sur l’effondrement de la valeur des capitaux ou de la dette d’une entreprise cotée. Les acteurs sont différents aussi. Comme le mentionne d’ailleurs Jean-Philippe Denis, l’une des cibles de ces vendeurs n’est autre que Carl Icahn lui-même, le père des fonds activistes, l’inspirateur du personnage de Gordon Gekko dans le film Wall Street (1987), d’Oliver Stone. Dans le cas des fonds vendeurs à la manœuvre dans l’affaire Casino, pour peu que le fonds ait acquis une réputation suffisante et sache communiquer, le caractère autoréalisateur de l’attaque est possible. Mais, en l’espèce, ces fonds ne sont pas la cause de la chute du groupe Casino.

Tout d’abord, le rapport de l’activiste vendeur mettant en lumière les fragilités et conflits d’intérêts de la galaxie Casino date de 2015. Ce qui doit être interrogé, c’est pourquoi la chute est survenue si tardivement. Présente sur un marché très concurrentiel aux faibles marges, la rentabilité économique de Casino est alors inférieure à son coût du capital depuis dix ans, son chiffre d’affaires baisse, elle dégage des flux de trésorerie négatifs et ses ratios d’endettement se dégradent.

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