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Mort de Jean-Louis Georgelin, général chargé de la reconstruction de Notre-Dame de Paris

Jean-Louis Georgelin, sur la plate-forme de chantier construite derrière Notre-Dame de Paris, le 21 décembre 2022.

La dernière fois qu’on l’a vu, il grimpait avec entrain les escaliers qui mènent à la plate-forme de chantier construite derrière Notre-Dame de Paris. Jean-Louis Georgelin devisait fort, à son habitude – gueuler serait sans doute le mot juste –, sourire aux lèvres : « Vous avez vu l’arc-boutant, là, ah oui… Le plus dur, dans ce type de chantier, c’est la gestion du calendrier. »

Depuis qu’Emmanuel Macron, au lendemain de l’incendie qui eut lieu le 15 avril 2019, lui en avait donné mission, la reconstruction de la cathédrale était son grand œuvre. C’était sur ses épaules à lui, l’ancien chef d’état-major des armées à la retraite, à la réputation de matamore, méfiant envers la technocratie mais tout à fait à l’aise dans ses arcanes, que reposait désormais le branlant édifice. « Ce n’est pas beau, ce bordel ? » Oui, c’est beau, répondait-on timidement, et l’on gardera cette dernière image de lui, observant avec gourmandise l’échafaudage de la flèche se mettre en place.

Vendredi 18 août, en Ariège, sur les flancs du mont Valier, le général Jean-Louis Georgelin est mort comme il a vécu, en marchant vite et fort lors d’une de ces randonnées solitaires qu’il affectionnait toujours à 74 ans dans ces Pyrénées qui l’ont vu naître. « Les investigations permettent d’établir que son décès est consécutif à une chute importante lors de la descente, aux alentours de 20 heures, au niveau d’un passage rocheux particulièrement raide », a précisé samedi soir le parquet.

Aspet, dans le Comminges, est à un peu plus d’une heure de route. C’est là que ce catholique pratiquant est né, le 30 août 1948. Les grands-parents maternels tiennent la grande épicerie de ce bourg de 800 habitants. Son père est militaire en Indochine et en Algérie. Pendant l’Indochine, sa mère vit « repliée » ici avec ses trois enfants. Sous-officier pendant la plus grande partie de sa carrière, le père finira capitaine.

Le fiston fait Saint-Cyr, option sciences, pendant qu’à Paris d’autres dressent des barricades, avant de choisir l’infanterie. « Je suis un fantassin. Marcher permet de réfléchir », insistera-t-il la première fois qu’on le rencontre pour illustrer le fait qu’il vient sur le chantier de Notre-Dame à pied. Qu’un fils de sous-officier devienne général cinq étoiles est suffisamment rare pour être souligné. Au sein de l’armée, Jean-Louis Georgelin est un enfant de l’ascension sociale… jusqu’au plus haut niveau.

Chef d’état-major particulier de Jacques Chirac à l’Elysée, il sera chef d’état-major des armées jusqu’en 2010, avant de devenir grand chancelier de la Légion d’honneur. Il va ainsi côtoyer François Hollande. Il est alors pris dans une polémique avec Aurélie Filippetti lorsqu’il commence par refuser de remettre la Légion d’honneur à Bob Dylan, avant de céder : « Du coup, je l’ai beaucoup étudié, racontait-il, amusé. J’ai découvert son extraordinaire popularité, short listé pour le prix Nobel de littérature. » Avant cela, Nicolas Sarkozy lui reprochait juste, dit-on, de chanter trop fort à la messe – « On ne se rend pas compte de sa voix, s’excusait-il, mais oui, c’est vrai, j’adore chanter à l’église. »

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