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Le dixième anniversaire du compte à rebours vers la guerre d’Ukraine

Le président Obama parle au président de la Russie, Vladimir Poutine, de la situation en Ukraine, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, le 1er mars 2014.

Les historiens distinguent avec méthode, s’agissant de tel ou tel conflit, la date d’ouverture des hostilités proprement dites de celle qui a ouvert la séquence menant à l’éclatement de cette guerre. C’est ainsi que la première guerre mondiale, même si elle débute formellement par la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie, le 28 juillet 1914, a bel et bien été déclenchée un mois plus tôt, par l’attentat à Sarajevo contre l’archiduc d’Autriche.

Dans le même esprit, la deuxième guerre mondiale a beau commencer par l’agression de la Pologne par l’Allemagne, le 1er septembre 1939, l’escalade vers le conflit a débuté onze mois plus tôt, à Munich, où la Grande-Bretagne et la France ont sacrifié la Tchécoslovaquie à l’Allemagne nazie. Quant à la guerre d’Ukraine, elle n’a pas commencé avec l’invasion généralisée de ce pays par la Russie, en février 2022, mais huit ans plus tôt, par l’annexion de la Crimée et l’occupation du Donbass. Et c’est au Moyen-Orient que le compte à rebours vers ce conflit a débuté.

Le massacre chimique

Durant les premières heures du 21 août 2013, Bachar Al-Assad ordonne le pilonnage des banlieues de sa capitale contrôlées par les groupes insurgés. Il s’agit pour lui de desserrer l’étau révolutionnaire autour de Damas en semant la terreur dans la population, et ce par l’emploi massif d’armes chimiques. Au cours des mois précédents, les forces du régime Assad ont déjà tiré, à une quinzaine de reprises, des gaz toxiques contre des cibles civiles.

Vladimir Poutine, dont le soutien inconditionnel à la dictature syrienne est déterminant, aussi bien à l’ONU qu’en matière de conseils et d’armements, suit de près de telles expérimentations. Même si rien ne permet d’affirmer que des experts russes ont assisté les militaires syriens dans la complexe maîtrise de l’arme chimique en milieu urbain, le Kremlin voit dans la provocation délibérée d’Assad l’occasion rêvée de tester la détermination de Barack Obama, au Moyen-Orient et bien au-delà.

Obama a, en effet, proclamé en août 2012, un an et demi après le déclenchement de la révolution syrienne, que l’emploi par Assad de l’arme chimique constituerait une « ligne rouge ». Les opposants à la dictature se sont alors émus que le régime reçoive ainsi une forme de blanc-seing pour le recours à l’aviation, aux blindés et à l’artillerie contre des cibles civiles. Et les alliés des Etats-Unis ont été troublés par le refus de Washington de prendre en compte, au printemps 2013, les preuves de plus en plus nombreuses d’un recours ponctuel du régime Assad aux armes chimiques.

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