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La mort du physicien Gérard Toulouse, cofondateur de l’Académie des technologies

Gérard Toulouse.

Physicien théoricien, homme de convictions et savant engagé, Gérard Toulouse est mort, lundi 7 août, à Paris, à l’âge de 83 ans. Cofondateur de l’Académie des technologies, il a été le récipiendaire de nombreuses distinctions pour ses travaux pionniers dans les domaines de la physique de la matière condensée et des systèmes désordonnés, mais aussi de la neurobiologie computationnelle, dont il a été l’un des précurseurs.

Né le 4 septembre 1939 à Vattetot-sur-Mer (Seine-Maritime) dans une famille de commerçants très attachée aux valeurs traditionnelles, il mène ses études secondaires à Tours avant d’intégrer, à 20 ans, l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm (Paris) – une « abbaye de Thélème », écrira-t-il –, à laquelle il restera très attaché toute sa carrière.

Dans les années 1960, ses premiers travaux marquants portent sur l’effet Kondo – un phénomène contre-intuitif dans lequel certains matériaux conducteurs, auxquels des impuretés magnétiques ont été ajoutées, voient leur résistance électrique s’accroître à très basse température. En 1969, Gérard Toulouse propose un cas limite du modèle de Kondo – connu depuis comme la « limite de Toulouse » – offrant un nouveau cadre d’étude mathématique du phénomène. Des travaux qui ont irrigué des décennies de recherche en physique du solide.

Une fertile descendance

Ses travaux sur l’effet Kondo lui valent un séjour postdoctoral à La Jolla, à l’université de Californie à San Diego. Entre 1965 et 1976, il est rattaché à l’université d’Orsay, puis brièvement à l’Institut des hautes études scientifiques, avant de revenir rue d’Ulm. Dans les années 1970-1980, il oriente son travail sur les « verres de spin » – ces alliages métalliques aux propriétés parfois baroques, que les théoriciens s’échinent à élucider –, et les recherches qu’il mène, notamment avec Giorgio Parisi (Prix Nobel de physique en 2021), auront une fertile descendance.

« Ils sont particulièrement rares et précieux ceux qui, comme lui, perçoivent les signaux faibles annonçant l’arrivée d’une nouvelle voie de la science, écrit le physicien Marc Mézard, ancien directeur de l’ENS-Ulm, dans un texte d’hommage. Et c’est à la fois par ses travaux précurseurs, mais aussi par les orientations qu’il a proposées que Gérard a laissé une trace essentielle dans notre champ de recherches. »

A la fin des années 1980, il réoriente ses travaux autour de la modélisation des réseaux de neurones et de la neurobiologie computationnelle. Un intérêt nouveau qu’il poursuivra notamment au cours d’un séjour à l’université hébraïque de Jérusalem entre 1987 et 1988. C’est aussi à cette époque qu’il scelle un lien particulier avec le Proche-Orient et s’engage pour les droits du peuple palestinien – il sera élu membre honoraire de l’Académie de Palestine pour la science et la technologie en 2005.

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