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Le général Jean-Louis Georgelin, ancien chef d’état-major des armées et responsable de la restauration de Notre-Dame, est mort

Jean-Louis Georgelin lors d’une visite du chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 6 septembre 2022.

Ancien chef d’état-major des armées et chargé par Emmanuel Macron de veiller au chantier de reconstruction de la cathédrale de Notre-Dame de Paris après l’incendie de 2019, le général Jean-Louis Georgelin est mort, vendredi 18 août, à l’âge de 74 ans. « La Nation perd l’un de ses grands soldats. La France, un de ses grands serviteurs. Et Notre-Dame, le maître d’œuvre de sa renaissance », a réagi sur X (anciennement Twitter), le président de la République.

La mort du général est intervenue au cours d’une randonnée dans les Pyrénées. L’Agence France-Presse a pu obtenir la confirmation auprès du parquet de Foix. « Le PGHM [peloton de gendarmerie de haute montagne] est intervenu sur les pentes du mont Valier (…) et a découvert le cadavre d’un homme qui a été formellement identifié comme étant le général Georgelin », a dit un représentant du procureur, précisant que la piste accidentelle était privilégiée.

Le PGHM a été alerté par le gardien du refuge des Estagnous (2 246 mètres d’altitude) qui l’a informé qu’un randonneur n’était pas rentré, a précisé le parquet, ajoutant que le général randonnait seul, selon les premiers éléments de l’enquête. Prévenu vers 20 heures, le peloton s’est rendu sur place en hélicoptère de la section aérienne de gendarmerie de Pamiers et a trouvé le général mort, selon la gendarmerie. L’enquête est confiée à la brigade de recherches de Foix avec les constatations réalisées par le PGHM, selon la même source.

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Pluie d’hommages politiques

Général cinq étoiles, Jean-Louis Georgelin, né le 30 août 1948 à Aspet (Haute-Garonne), ancien élève de Saint-Cyr et chef de l’état-major particulier de Jacques Chirac en 2002, avait été promu général d’armée en 2003. Chef d’état-major des armées françaises (CEMA) de 2006 à 2010, il a supervisé des opérations en Côte d’Ivoire, Afghanistan, dans les Balkans ou au Liban. Le président Emmanuel Macron l’avait ensuite choisi en 2020 pour orchestrer la reconstruction de la cathédrale de Notre-Dame, pour faire avancer avec détermination ce chantier d’une extrême complexité.

L’annonce de sa mort a entraîné une pluie d’hommages. Outre le président de la République, l’actuel chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, a confié son émotion. « Admiration devant la force de caractère inébranlable de ce chef hors norme et son engagement total au service de la France poursuivi en dehors des armées », a-t-il posté sur la même plate-forme. Deux anciens présidents de la République ont aussi salué la mémoire du général Georgelin. Pour Nicolas Sarkozy, il était un « grand soldat et un grand chef » qui « a servi la France avec courage » et dont « le caractère bien trempé cachait une personnalité d’une grande humanité ». Pour François Hollande, il assumait ses fonctions « avec une passion inépuisable et avec un professionnalisme exceptionnel ».

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a estimé que le général « avait su créer les conditions humaines et d’organisation pour mener à bien la reconstruction de Notre-Dame ». « La France perd un grand serviteur de l’Etat », a renchéri la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. « Une vie au service de la France. Jean-Louis Georgelin portait en lui une certaine idée de la loyauté et de l’engagement. Il ne verra pas Notre-Dame rebâtie, son dernier projet », s’est exprimé le ministre des armées, Sébastien Lecornu.

Plusieurs autres membres du gouvernement ont rendu hommage au général Georgelin, à l’image du ministre des transports, Clément Beaune, qui a salué « sa culture et sa droiture, son énergie et son engagement [qui] étaient exceptionnels ». « Depuis quatre ans, il était dévoué à son ultime “mission de combat” : la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Nous lui devons tant », a abondé la ministre de la culture, Rima Abdul Malak. Pour Eric Ciotti, le président du parti Les Républicains, le général Georgelin était « un grand militaire et un homme de valeurs » qui « joua un rôle essentiel dans la reconstruction de Notre-Dame de Paris en surmontant tous les obstacles technocratiques ».

La messe dominicale de Saint-Germain-l’Auxerrois, dimanche à Paris, sera célébrée en hommage au général Georgelin, a annoncé l’archevêque de Paris, Laurent Ulrich. « En attendant de connaître la date de ses obsèques, nous pourrons nous unir par la prière », a fait savoir dans un communiqué Mgr Ulrich. « La France et l’Eglise perdent aujourd’hui l’un de leurs plus dévoués serviteurs et nous sommes, tous, dans une grande peine », a déploré l’archevêque, rappelant qu’il a travaillé « de près avec le général Georgelin à la restauration de Notre-Dame, dans laquelle il s’est investi avec courage, ténacité et talent ».

« Avancer sans procrastination »

« A la fin de l’année, nous verrons la flèche dans le ciel de Paris », s’était félicité le général Georgelin moins d’un mois avant sa mort, le 21 juillet, lors de la répétition générale du montage du premier étage de la flèche de la cathédrale à Briey (Meurthe-et-Moselle). Carré d’épaules, abord rugueux, grand rire, voix puissante, cet homme très attaché au patrimoine religieux cultivait le lien direct avec les compagnons du chantier, tel un officier avec ses soldats. Mais il pouvait rudoyer ses collaborateurs.

Cela avait été le cas avec l’architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve, qu’il avait prié en novembre 2019 de « fermer sa gueule » après s’être déclaré favorable à la reconstruction de la flèche à l’identique. Le général avait nié toute querelle, parlant de « respect et d’estime réciproques ». En bon militaire, il se définissait comme chef d’opérations à la tête d’une « task force » pour Notre-Dame et clamait son obéissance totale à l’Etat.

« Je ferme ma gueule, ce n’est pas moi qui vais décider la flèche qui sera retenue, ce qui ne m’empêche pas de jouer à ma place le rôle que je crois devoir être le mien. A ma place, mais ce n’est pas la place publique », disait-il. En fixant un objectif de cinq ans pour la restauration, Emmanuel Macron avait besoin d’un homme qui tranche dans les nombreux arbitrages entre des métiers et intérêts très divers.

Une mission appréciée par Jean-Louis Georgelin, qui disait aimer que ça « dépote » et avait pour devise « avancer sans procrastination ». En choisissant un catholique pratiquant pour orchestrer la reconstruction de Notre-Dame, Emmanuel Macron avait pris une décision assez politique et habile, appréciée par la droite, le diocèse de Paris et les fidèles. « Ce n’est pas anormal de choisir un catholique pour une mission pareille », estimait le général Georgelin. « Mon rôle est de rendre la cathédrale dans les meilleures conditions possibles, sans faire n’importe quoi, au culte catholique. »

Le Monde avec AFP


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