Close

Le biais de sélection : comment fausser les comparaisons

Retrouvez tous les épisodes de la série « Les intox du cortex » ici.

« Tous mes amis ont voté pour le candidat X, et pourtant il a fait un score ridicule. » Hélas, tous les électeurs ne sont pas vos amis. Et pour cause, vous avez choisi ces derniers parce que vous partagez des centres d’intérêt, des valeurs, des aspirations, etc. Bref, vous les avez sélectionnés. Et ce n’est pas leur faire insulte que d’affirmer qu’ils ne sont en rien représentatifs d’une quelconque population.

Cette petite expérience prend une toute autre ampleur dès lors qu’il s’agit de sélectionner, non plus des amis, mais des participants à une étude scientifique ou à un sondage. Et surtout d’en tirer des conclusions. La manière dont ils sont choisis est capitale, et gare au « biais de sélection », un biais cognitif que redoutent les chercheurs.

S’il n’est pas redressé, un tel biais peut sérieusement menacer l’intégrité et la portée des résultats, qu’il s’agisse d’une étude d’opinion, des travaux de sciences sociales ou encore des travaux sur la santé humaine (épidémiologie, essai clinique d’un médicament, etc.).

De l’art de sélectionner des sondés

Dans une étude sur un petit nombre de personnes, à partir de laquelle on souhaite extrapoler les résultats à une population plus large, le biais de sélection survient quand l’échantillon étudié n’est pas représentatif de la population cible.

Les sondeurs constituent leurs panels en faisant en sorte que l’échantillon soit représentatif de la population générale sur certains critères (âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle, lieu de résidence). Mais beaucoup de ces études d’opinion sont réalisées sur Internet au travers des « access panels », constitués par autorecrutement, ce qui constitue un biais dit de « participation », en posant « la question de la familiarité avec les technologies numériques inégalement répartie dans la population », relève Nicolas Sauger, directeur du centre de données sociopolitiques de Sciences Po, dans la revue Raison présente en 2022.

La question de la rémunération peut également altérer la qualité de l’échantillonnage en incitant certains publics à répondre. Dans un sondage, « en principe, les personnes interrogées n’ont pas d’intérêt particulier à participer », soulignait Stéphane Legleye, de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), dans Le Monde, en 2021.

L’élection présidentielle américaine de 1936 fournit une illustration parfaite du biais de sélection. Le Literary Digest, un très sérieux magazine généraliste de l’époque, a sondé les Américains pour mesurer les intentions de vote entre le sortant démocrate, Franklin Delano Roosevelt, et son adversaire républicain, Alfred Landon.

Il vous reste 63.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top