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Argentine : après les élections primaires, une dévaluation qui fait flamber les prix

Elle était très attendue. La dévaluation qui se profilait en Argentine depuis des semaines, si ce n’est des mois, a été annoncée, lundi 14 août, au lendemain des élections primaires présidentielles, marquées par une percée spectaculaire du candidat ultralibéral Javier Milei. Après l’ajustement effectué par la banque centrale, le peso a ainsi perdu 18 % de sa valeur. Il s’agit de la plus forte dévaluation du taux officiel en une journée depuis 2019.

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Jusqu’à présent, le gouvernement d’Alberto Fernandez (centre gauche) avait choisi la stratégie des microdévaluations régulières, afin d’éviter le corollaire d’une perte de valeur brutale de la devise, à savoir une subite envolée des prix. Le pays n’en a pas besoin : il doit déjà faire face à une inflation parmi les plus élevées au monde, et la plus importante en trente ans (113 % sur un an). Seulement, le taux de change officiel, dont la valeur est dopée artificiellement par une série de contrôles des changes, devenait intenable. L’écart avec le taux parallèle – la valeur « juste » retenue par les acteurs de l’économie pour établir des devis ou libeller des prix en grande partie dollarisés, notamment – ne cessait de se creuser.

Les réserves nettes de devises étrangères dans le rouge (elles oscillent entre – 8 milliards de dollars, soit – 7,3 milliards d’euros et – 10 milliards de dollars, selon l’évaluation des cabinets privés, la banque centrale ne communiquant pas ses réserves nettes) et en chute constante ne permettaient plus de maintenir à flot la valeur précédente du peso. Conséquence de la dévaluation : une grande fébrilité sur le marché parallèle, où la valeur de la monnaie a dégringolé. Mercredi 16 août, 1 dollar s’échangeait contre 775 pesos. Un record.

« Les gens ne veulent pas acheter »

Ces variations ne se limitent pas aux opérations financières. Elles affectent également la vie quotidienne des Argentins. « Roast-beef », « viande hachée », « veau » : mercredi 16 août, dans la vitrine d’une boucherie de la capitale, Buenos Aires, les grands tableaux aux inscriptions à la craie affichent bien les morceaux de viande et le symbole du peso, mais les prix ne sont pas renseignés. Même absence de référence à l’intérieur du commerce, où les morceaux sont présentés sans écriteaux.

« Depuis lundi [14 août], les prix ne font qu’augmenter. Je préfère attendre que cela se stabilise avant de les inscrire », explique Ruben Quiroga, le propriétaire. Les bras croisés sur son tablier blanc, il attend les clients. « C’est calme. Les gens ne veulent pas acheter. Les fournisseurs m’ont augmenté d’environ 40 % depuis lundi. On ne me laisse pas le choix : c’est à prendre ou à laisser ! » Une cliente finit par entrer et s’enquiert de la valeur de 1 kilo de viande hachée. « 3 000 pesos [7,90 euros au taux officiel, deux fois moins au taux parallèle], souffle le boucher. Je sais, c’est de la folie. » Le kilo valait 2 000 pesos, quatre jours plus tôt.

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