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Comment la belle mécanique de la voiture électrique s’est enrayée en Europe

Retrouvez tous les épisodes de la série « La longue marche de la voiture électrique » ici.

Le 8 juin 2022, juste avant d’entrer en séance plénière du Parlement réuni à Strasbourg, les eurodéputés reçoivent par courriel un message de Stellantis. Le groupe automobile déclare soutenir « l’objectif de réduire les émissions de CO2 de 100 % en 2035 », malgré les critiques récurrentes de son patron, Carlos Tavares, qui n’a eu de cesse de dénoncer « un choix politique et non pas industriel ».

Le texte, qui sera adopté à une large majorité (339 voix pour, 249 contre) est historique à double titre : il bannit les moteurs thermiques sur les voitures neuves à l’horizon 2035 et impose cette mutation majeure au nom d’une volonté politique. Au grand dam du secteur, ce ne sont ni la main invisible du marché ni les constructeurs mais bien les institutions européennes qui conduisent la principale industrie du Vieux Continent sur le chemin de l’électrique, au nom de la protection de l’environnement.

Stellantis sait que le rapport de force lui impose de faire profil bas. « L’impact de ce message n’a pas été décisif, mais il a sans doute fait basculer dix à quinze députés français et italiens, amplifiant le caractère majoritaire du scrutin de manière non négligeable », estime Pascal Canfin (Renew, Libéraux), le président français de la commission environnement du Parlement.

Pour couper le contact du plus que centenaire moteur à essence, l’Union européenne (UE) n’a pas eu à recourir à un bras de fer. Elle a préféré mener une habile stratégie d’encerclement autour de marques tétanisées par le scandale du « dieselgate » en septembre 2015. C’est peu de dire que cette affaire, qui a éclaté à la suite de la découverte d’un logiciel permettant aux voitures diesel du groupe Volkswagen de contourner les normes d’émission d’oxydes d’azote (NOx), a eu des effets ravageurs.

A l’époque, le brusque affaissement des ventes de diesels, véhicules plus polluants mais moins émetteurs de CO² que les modèles roulant à l’essence, place les constructeurs, désormais incapables de tenir les normes antipollution, en position de faiblesse. Leur parole, elle, devient inaudible. « La perte de confiance avec les autorités de régulation a été totale, se souvient le représentant de l’un d’entre eux. Marginalisés, on regardait passer les trains. »

Retarder l’échéance

Avec l’adoption, en 2019, du principe de neutralité carbone en 2050, l’étau se resserre. Pour calculer les consommations des moteurs, l’Europe impose la procédure dite « WLTP », beaucoup plus proche de la réalité des conditions de conduite. Puisqu’il ne faudra plus émettre de CO2 à cette échéance et que la durée de vie moyenne d’un véhicule est de quinze ans, le calcul est vite fait ; les moteurs thermiques ne pourront plus équiper de voitures neuves à compter de 2035. Les Pays-Bas ou la Suède réclamaient 2030 ; la France, l’Espagne et l’Allemagne, pays qui comptent de nombreuses usines automobiles, plaidaient pour 2040. Chacun a fait sa part du chemin.

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