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Lourdes : quelle est la procédure de reconnaissance des guérisons inexpliquées ?

« Je suis, à ma connaissance, le seul médecin qui reçoit des patients guéris », s’amuse le docteur Alessandro de Franciscis, président du Bureau des constatations médicales de Lourdes. Malgré la légèreté du ton, la procédure de reconnaissance du miracle est sérieuse et complexe. Elle repose, comme l’écrit la sociologue Laetitia Ogorzelec (Le Miracle et l’Enquête. Les guérisons inexpliquées à l’épreuve de la médecine, PUF, 2014), sur une « division du travail entre ecclésiastiques et médecins » et s’articule autour de trois phases.

Le docteur Alessandro de Franciscis, médecin permanent et président du Bureau des constatations médicales, à Lourdes, en novembre 2017.

Des médecins à l’évêque

Lors de la première, un médecin permanent, nommé par l’évêque, forme, avec l’ensemble des médecins présents au sanctuaire, le Bureau des constatations médicales. Avant de poser la question de la guérison, il commence par vérifier si les patients qui se déclarent guéris furent réellement malades, s’appuyant notamment sur leur dossier médical (certificats d’hospitalisation, etc.). Il cherche ensuite à établir si la guérison est réelle et conforme aux sept conditions exigées par l’Eglise : la guérison « d’une maladie précise au pronostic grave » doit être « soudaine, instantanée, complète, durable, inexpliquée en l’état actuel des connaissances scientifiques et n’impliquant pas de convalescence ». Pour ce faire, des examens médicaux sont nécessaires à plusieurs années d’intervalle.

Si ces conditions sont respectées, le dossier passe, lors de la deuxième phase, devant le Comité médical international de Lourdes (CMIL), organe consultatif supérieur fondé après la seconde guerre mondiale. Il est composé d’une trentaine de médecins et de chercheurs permanents qui se réunissent une fois par an à Paris et sont chargés de confirmer ou non les conclusions du Bureau des constatations médicales.

La troisième phase marque la sortie du médical. Le dossier est transmis à l’évêque du lieu de la personne « guérie » qui, aidé d’une commission canonique diocésaine, détermine si – au regard de la foi – la guérison peut être déclarée miraculeuse. En somme, le miracle s’organise ainsi : le Bureau médical constate la guérison, le CMIL la confirme et l’évêque lui reconnaît un caractère miraculeux.

Soixante-dix miracles reconnus

« J’insiste sur la distinction entre religieux et médical, parce qu’à Lourdes, on parle de guérisons organiques. Nous n’avons aucun intérêt à produire ces événements, nous sommes là pour en constater la réalité » : le docteur Alessandro de Franciscis souligne ainsi la dimension strictement scientifique de son travail. Le fait qu’il soit catholique, comme la majorité des médecins du Bureau des constatations médicales depuis sa création en 1883, remet-il en cause l’objectivité des diagnostics ? Beaucoup, à l’instar d’Emile Zola (1840-1902) ou de l’écrivain Joris-Karl Huysmans (1848-1907), l’ont pensé et le pensent encore.

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