Close

Avec « Mon légionnaire », Edith Piaf, en 1937, et Serge Gainsbourg, en 1987, sous le charme du sable chaud

Retrouvez tous les épisodes de la série « Une chanson, deux versions » ici.

You’re Under Arrest, 1987. Dernier album studio de Serge Gainsbourg, dernière chanson. « Il avait de grands yeux très clairs/Où parfois passaient des éclairs. » Mon légionnaire. En guise d’épilogue aux aventures new-yorkaises passablement salées (Suck Baby Suck ; « Tes petites socks me mettent en érect’ » dans Five Easy Pisseuses) de son personnage énamouré d’une jeune et inaccessible Samantha, « Seurge » Gainsbarre – accent américain des choristes de rigueur – s’enrôle dans la légion. Et saute sur l’un des grands classiques de la chanson française.

Lire la critique (en 1987) : Article réservé à nos abonnés De « Mon légionnaire » à « Suck Baby Suck », Gainsbourg sur tous les fronts

Véritable tube de l’entre-deux-guerres, composé en 1936 par Raymond Asso sur une musique de Marguerite Monnot, Mon légionnaire assure d’abord le succès de sa première interprète, la chanteuse et comédienne Marie Dubas. Puis c’est au tour d’Edith Piaf – qui avait pourtant refusé le titre – d’en faire un incontournable de son répertoire, un an plus tard. Cette passion d’une nuit, pleine de désir et de regrets, avec un mystérieux militaire, colle à merveille au personnage de la Môme, alors en pleine ascension sous la houlette de Raymond Asso justement.

Bad boy avant l’heure, le légionnaire est un personnage en vogue dans l’imagerie populaire, incarné à l’écran par Jean Gabin dans La Bandera, de Julien Duvivier, en 1935. Dans ses différentes versions enregistrées, Piaf la joue sobre, sans grandiloquence inutile, déroulant le récit de ce « bonheur enfui » avec juste ce qu’il faut de drame dans la voix. Orchestration soyeuse et clairon léger donnent même à la chanson une tonalité parfois légère.

Ambiguïté assumée

Changement de ton pour Gainsbourg. A l’époque, voilà plusieurs années que celui qui a mis La Marseillaise en reggae (Aux armes et cætera, 1979), et acheté aux enchères le manuscrit de l’hymne national, tourne autour de la chanson. La reprise était initialement prévue sur l’album Love on the Beat (1984) mais, comme il l’expliquera plus tard à Nagui dans l’émission « Fréquenstar » sur M6, il n’avait pas trouvé « le joint ».

Chose faite trois ans plus tard pour ce titre que Gainsbourg considère comme une vraie « chanson de mec ». Le déclic vient sans doute de ces quelques accords de synthétiseurs – plus que de cette basse clinquante très années 1980 et des cocottes de guitares funky omniprésentes sur tout le disque – qui font valser Mon légionnaire dans une émouvante dimension mélodramatique. Tout en incarnation et ambiguïté assumée (le héros est censé virer sa cuti, faute de Samantha), voix traînante, l’« insoumis » donne belle chair à son idylle d’une nuit.

Il vous reste 21.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top