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Assurance-dépendance : pourquoi ne décolle-t-elle pas ?

Recevoir une rente mensuelle pour payer une aide extérieure quand, l’âge venant, on ne peut plus être autonome : c’est le principe de l’assurance-dépendance. Mais le constat des compagnies d’assurances comme des courtiers est sans appel : ce type de produit ne décolle pas.

La fédération professionnelle France Assureurs estime ainsi que, en 2021, 6,6 millions de personnes étaient couvertes, pour un total de cotisations versées dans l’année de 833 millions d’euros, tous types d’assureurs confondus.

Des chiffres peu élevés, qui plus est en baisse : c’était, en 2019, 7,4 millions de personnes et 814 millions d’euros de cotisations. A titre de comparaison, les cotisations de l’assurance-automobile représentent près de 25 milliards d’euros pour 40 millions d’assurés (il s’agit toutefois d’une garantie obligatoire).

Pourtant, la France devrait compter, en 2050, 4 millions de seniors (60 ans et plus) dépendants contre 1,5 million fin 2017, selon les estimations de l’Insee publiées en 2020.

Pourquoi l’assurance-dépendance ne convainc-t-elle pas, alors que le tarif médian d’une place dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes s’élève à 2 004 euros (chiffre 2019 établi par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, incluant les tarifs hébergement et dépendance, avant les éventuelles aides) ? « Le public ne s’y intéresse pas car la somme est versée à fonds perdu : la personne s’assure mais n’aura peut-être jamais besoin de la rente si elle n’est pas dépendante », explique Vincent Harel, vice-président en charge des assurances de personnes de Planète CSCA, syndicat de courtiers en assurances.

Moins de 500 euros par mois

Autre obstacle : le ratio entre l’argent versé et la rente perçue en cas de dépendance n’est pas forcément intéressant. « Quel est le montant de la rente mensuelle versée lorsque le risque se matérialise ? Il est majoritairement inférieur à 500 euros par mois et couvre essentiellement les aides ménagères, médicales ou à la personne », selon un sondage publié, fin 2021, par France Assureurs dans son livre blanc « Construire une nouvelle solution solidaire et transparente face à la dépendance liée à l’âge ». Montant notamment « à rapprocher du coût estimé par les Français des dépenses liées au maintien d’une personne dépendante à domicile : de 500 à 1 500 euros par mois pour 35 % des personnes interrogées, plus de 1 500 euros pour 35 % », poursuit la fédération.

« Il est dommage que ce produit ne fonctionne pas, car il permet d’alléger le quotidien des aidants ou peut contribuer à payer un établissement médicalisé de qualité, ce qui n’est pas à dédaigner », déplore Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet de conseil en stratégie Facts & Figures. « Le besoin de couverture existe et va exister de plus en plus, mais les Français qui ont une capacité d’épargne pensent d’abord à renforcer leur retraite », estime-t-il.

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