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Au Royaume-Uni, l’empire déclinant de Rupert Murdoch

Rupert Murdoch, président de News Corp et coprésident de 21st Century Fox, à Sun Valley (Idaho), le 10 juillet 2018 .

A 92 ans, Rupert Murdoch ne compte pas s’arrêter. En juin, quand le Spectator, un hebdomadaire britannique petit mais influent dans les cercles conservateurs, a été mis en vente, le magnat de l’information a été, selon nos sources, parmi les premiers à s’intéresser au dossier. Les discussions n’ont pour l’heure pas abouti, mais elles confirment une nouvelle fois la persévérance du milliardaire australo-américain, qui, depuis des années, rêve de mettre la main sur ce magazine. Les organes de presse situés au cœur du pouvoir ont toujours été sa passion.

Son hyperactivité affichée ne cache pourtant pas le déclin relatif de son groupe au Royaume-Uni. News Corp, l’une des moitiés de son empire (l’autre est Fox Corp, qui détient notamment la chaîne d’information américaine Fox News), a publié, jeudi 10 août, ses résultats annuels, allant de juillet 2022 à juin 2023.

Dans l’ensemble, le groupe se porte plutôt bien : un chiffre d’affaires de 9,9 milliards de dollars (9 milliards d’euros), en légère baisse pour des raisons de taux de change, et un bénéfice avant impôts de 330 millions de dollars, le deuxième plus élevé depuis dix ans. Toutefois, l’essentiel de la croissance émane du groupe d’informations financières Dow Jones, qui comprend le quotidien américain Wall Street Journal et ses 4 millions d’abonnés (à 85 % numériques).

Tentative de diversification

Au Royaume-Uni, en revanche, la dynamique est plus poussive. Le symbole le plus évident vient du Sun, dont la diffusion a été divisée par quatre en quinze ans. Après l’avoir acheté en 1969, le magnat en avait fait une force dominante des médias britanniques, à coups de pin-up aux seins nus (la fameuse « page 3 », si scandaleuse à son lancement, en 1970) et de ragots sur le show-business et la politique.

A son apogée, dans les années 1990, il vendait 4 millions d’exemplaires par jour ; en 2010, encore3 millions ; en 2019, seulement 1,2 million. Depuis, News Corp a préféré le retirer d’ABC Circulation, l’entreprise auditant officiellement la diffusion, mais celle-ci avoisinerait 700 000 exemplaires par jour.

Bien sûr, le déclin de la presse papier est global. Mais, d’une part, le Sun, doublé par le Daily Mail (autour de 750 000 exemplaires quotidiens), n’est plus le premier quotidien britannique, et, d’autre part, il n’a pas réussi à trouver un modèle économique d’abonnement payant en ligne. En 2021, News Corp en a tiré les conséquences : sa valeur a été réduite à zéro dans ses comptes.

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Le Sun, qui a longtemps occupé une place à part dans le cœur de M. Murdoch – « Si vous voulez savoir ce que je pense, lisez le Sun », déclarait-il en 2012 –, a lancé un site Internet pour les Etats-Unis, afin de trouver un relais de croissance. Le tabloïd génère beaucoup de trafic (159 millions de visiteurs uniques en juillet), mais cette stratégie n’est pas rentable. L’année 2024 s’annonce périlleuse pour le titre. En effet, le prince Harry le poursuit en justice, l’accusant de l’avoir espionné en recrutant des détectives privés. Le procès doit se tenir en janvier.

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