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En Bretagne, un été d’enfer pour les polars du terroir

En juillet et en août, alors que le monde de l’édition parisienne prend ses quartiers d’été en attendant le coup d’envoi de la rentrée littéraire, les Editions Alain Bargain tournent à plein régime. Un quart des 700 000 euros du chiffre d’affaires annuel est réalisé durant la saison estivale, et dans l’entrepôt industriel posé dans une rue calme du sud-est de Quimper (Finistère), trois des cinq salariés s’activent.

L’infographiste Frédéric Lepinet met en page les manuscrits et peaufine les couvertures des prochaines parutions, Caroline, l’épouse de Carl Bargain, à la tête de la maison d’édition, prépare les cartons de commandes, qui seront envoyés par transporteur dans les grandes surfaces, maisons de la presse et librairies des quatre départements bretons.

Vent de terreur sur Bréhat, Nuits assassines à Paimpol, Bain acide à Douarnenez, Nuit d’enfer à Quiberon, Lucifer à Saint-Philibert, Été torride à Névez, Vendetta à Auray, Ça meurt sec à Locquirec… Depuis sa création, en 1996, pas moins de trois millions d’exemplaires des 420 titres de la collection « Enquêtes et suspense » ont été vendus. Bien en vue sur des présentoirs floqués du logo de l’éditeur, les volumes en format poche à 8 euros pièce s’arrachent et sont devenus une signature locale au même titre que les galettes de blé noir ou l’andouille de Guémené.

Largement ignorée par le monde des lettres germanopratin, l’édition régionale s’épanouit partout en France depuis une trentaine d’années, profitant du tourisme et d’une économie menue, loin, bien loin, des exigences des grands groupes de l’édition parisienne. Tous jouent à fond la carte de l’ultra-local : à Bordeaux, les Editions Sud Ouest (filiale du groupe de presse du même nom) ont publié La Rochelle, belle et mortelle, ou Le Prix du passé sur l’Ile de Ré ; les éditions Baie des Anges, à Nice, affichent des polars aux titres pittoresques (Alerte à Coco Beach, ou Cyanure à Valrose).

Aux Houches, près de Chamonix (Haute-Savoie), les Editions du Mont-Blanc, dont le département littérature fait la part belle aux récits de montagne, jouent elles aussi, parfois, de l’ancrage régional pour leur collection « Mont-Blanc noir » : Le Deuxième piolet, Le Seigneur des écrins… Ignorées de la presse nationale et des prix littéraires, ces parutions ne bénéficient en général que d’une distribution limitée (bien qu’elles soient désormais largement disponibles en ligne) et usent d’un style simple et efficace pour servir des intrigues riches en détails locaux, à déguster de préférence sur place.

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