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Adam Smith, 300 ans et toujours vivant

Un Prix Nobel, une directrice du Fonds monétaire international (FMI), des chercheurs du monde entier… L’université de Glasgow n’est pas le centre du monde, ni même celui de la pensée économique contemporaine, mais, pendant une semaine, elle s’est reprise à rêver de l’époque où elle était le phare des lumières écossaises du XVIIIe siècle. Du 5 au 10 juin, elle a fêté dignement le tricentenaire de la naissance de son plus illustre élève, Adam Smith.

« Quand j’étais enfant à Edimbourg, dans les années 1950 et 1960, on ne parlait plus de lui, se souvient Angus Deaton, Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, en 2015. Il est maintenant redevenu ce qu’il est, l’un des plus grands penseurs écossais. »

L’héritage de l’inventeur de l’économie politique devient soudain plus vivant que jamais. L’ancienne cheffe économiste et désormais directrice générale adjointe du FMI, Gita Gopinath, ne dit pas autre chose quand elle compare l’invention de la machine à vapeur par James Watt, à l’époque de la sortie de la Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), l’ouvrage phare d’Adam Smith, à l’émergence de l’intelligence artificielle aujourd’hui. « Comment aurait réagi l’auteur de La Richesse des nations face à cette nouvelle “main invisible” ? », s’interroge-t-elle, dans sa conférence à Glasgow.

Un homme des Lumières

Trois cents ans et toujours vivant, Adam Smith ! Il a jeté les bases de la discipline reine des temps modernes, l’économie, et inspira ses illustres successeurs, Ricardo, Marx, Keynes et bien d’autres. Mais il était aussi un philosophe et un homme des Lumières. Il a côtoyé Voltaire, Rousseau, Diderot et Turgot. Moraliste, il détestait la richesse qui corrompt l’esprit. Et, pourtant, économiste, il en a fait le moteur du progrès et de la prospérité. Une dualité qui ne le quittera jamais et que les penseurs allemands de son temps avaient appelée « Das Adam Smith Problem ».

L’histoire commence, le 5 juin 1723, à Kirkcaldy, une petite bourgade perdue dans les brumes écossaises, sur la rive nord de l’immense estuaire de la rivière Forth, qui vient lécher, au sud, la citadelle d’Edimbourg. Sa mère, Margaret, issue d’une famille d’officiers, est veuve quand elle met au monde le petit Adam. La mère et le fils ne se quitteront plus. C’est un enfant frêle à l’esprit vif mais distrait, ponctué d’étranges absences et habitué à se parler continûment à lui-même. Il est bon élève, à la fois curieux, observateur et doué d’une grande mémoire.

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