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Les IPP, des médicaments pour les troubles gastriques à utiliser avec parcimonie

Très largement utilisés pour traiter les troubles gastriques, les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) augmenteraient le risque de démence quand ils sont pris sur de longues durées. C’est ce que suggère une étude parue mercredi 9 août dans Neurology, le journal de l’Académie américaine de neurologie.

Elle porte sur un groupe de 5 712 personnes – dont 26 % avaient pris des IPP – de 75 ans d’âge moyen. Les sujets, suivis pendant cinq ans et cinq mois, ont été répartis en quatre groupes : ceux qui ne consomment pas d’IPP, ceux qui les utilisent au plus depuis deux ans et huit mois, ceux qui en prennent de deux ans et huit mois à quatre ans et quatre mois, et ceux de plus de quatre ans et quatre mois. Ce travail a montré que les personnes traitées par des IPP pendant plus de quatre ans et demi ont un risque relatif de démence augmenté de 33 % – soit un risque légèrement plus élevé – par rapport à celles qui ne prennent pas ces médicaments. Ce résultat est obtenu après avoir ajusté différents facteurs, tels que l’âge, le sexe, la prise d’autres médicaments, et intégré des éléments comme l’hypertension artérielle ou le diabète.

« Cette étude ne prouve pas que ces médicaments provoquent la démence mais montre seulement une association », prévient l’épidémiologiste Kamakshi Lakshminarayan, de l’université du Minnesota (Minneapolis), qui a coordonné le travail. « Bien que nous n’ayons pas trouvé de lien avec l’utilisation à court terme, nous avons trouvé un risque plus élevé de démence associé à leur utilisation à long terme », précise la chercheuse.

Cinq molécules disponibles en France

« Ce n’est pas la première publication qui met en question l’utilisation prolongée des IPP et le risque de démence », souligne Dominique Deplanque, président de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique et chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Lille. D’autres travaux n’avaient toutefois pas montré de lien. « Les études précédentes n’ont jamais vraiment tranché, mais celle-ci est de très bonne qualité. Les biais ont été limités au maximum », explique Philippe Amouyel, directeur de la Fondation Alzheimer, pour qui d’autres travaux seraient toutefois nécessaires. « Cette étude a des limites, même s’il existe des signaux qui restent à confirmer », explique quant à lui Marc Bardou, gastro-entérologue et pharmacologue au CHU de Dijon. « Les IPP sont souvent utilisés à tort et à travers », poursuit-il.

Il s’agit en effet d’une des classes thérapeutiques les plus prescrites en médecine de ville et à l’hôpital. Pas moins de 16 millions de personnes en consomment en France, soit environ un quart de la population, selon des chiffres de 2019 de la Haute Autorité de santé (HAS). Cela représente un coût de 260 millions d’euros pour l’Assurance-maladie. Cinq de ces molécules sont actuellement disponibles en France : oméprazole, pantoprazole, lansoprazole, rabéprazole et ésoméprazole. Réduisant la sécrétion de l’acide gastrique, elles sont principalement utilisées pour traiter le reflux gastro-œsophagien, prévenir des lésions gastroduodénales pouvant être induites par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) chez les patients à risque, et traiter des ulcères gastroduodénaux.

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