C’est une chronique macabre, qui souligne l’ampleur du phénomène. Partout dans le pays, le trafic de drogue décime ceux qui le font vivre, et parfois au-delà. Dernier exemple en date, un homme de 32 ans a été tué par balle dans la nuit du dimanche 30 au lundi 31 juillet à Marseille et une enquête ouverte pour « assassinat en bande organisée ». Le 12 juin, une fusillade à la terrasse d’un bar de la Belle-de-Mai, un quartier populaire du centre de la cité phocéenne, a fait cinq blessés. Début juin, deux écoles ont dû fermer deux jours à Valence, après que des parents ont été pris à partie par des dealeurs. En mai, dans cette même ville, trois personnes avaient été tuées en cinq jours. Le même mois, le trafic de drogue a fait des victimes à Courrières (10 000 habitants, Pas-de-Calais) comme à Villerupt (10 000 habitants, Meurthe-et-Moselle).
Partout, les maires sont aux premières loges, effarés de voir la violence se répandre. « Elle est exacerbée depuis dix ans, constate l’édile (Les Républicains, LR) de Valence, Nicolas Daragon. Là, on vit un paroxysme : les armes sont exhibées, et utilisées… »
Serge Andrieu, maire (divers gauche) de Carpentras (Vaucluse), abonde : « Nous avons vécu une aggravation après le Covid. Ça a pris une ampleur catastrophique. » Il déplore les dégradations. « Ils cassent tout », soupire l’élu. Des appartements ont été forcés ; l’éclairage public supprimé. « Ils ont fait couler de l’essence dans les gaines électriques et y ont mis le feu », explique-t-il. « Cela entraîne des travaux monstrueux », précise M. Andrieu. « Ils fouillent les voitures, poursuit-il. J’ai trois quartiers qui sont devenus des zones de non-droit. » Pris à partie, les éboueurs et les postiers ont déserté.
Face à un trafic qui ronge leurs cités, beaucoup de maires interpellent l’Etat. Fin mai, après l’assassinat du jeune Malik Lassel dans un « énième règlement de comptes », le maire (ex-LR) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, demande une fois de plus des renforts de police nationale, « parce que c’est à elle d’agir pour casser cette gangrène mortifère », rappelle-t-il.
« J’ai dit aux administrations : “Aidez-nous !” »
Les habitants ont le sentiment d’« être abandonnés par l’Etat parce qu’il n’y a plus d’autorité ni maîtrise de la sécurité dans ces quartiers », assure Nicolas Daragon. Le problème, c’est que l’Etat, qui « a baissé ses effectifs pendant vingt ans », dénonce-t-il, n’est « absolument pas présent dans la durée. Il n’agit qu’en réaction. Il n’y a pas assez de prévention, et de harcèlement des délinquants ».
Il vous reste 71.79% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.