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A Fontainebleau, l’armée mène une étude d’adaptation à la chaleur pour ses militaires

Lors de la première phase de l’expérimentation,  un test de sudation a été réalisé sur les athlètes en chambre bioclimatique à l’IRBA.

Sur la piste ombragée du Centre national des sports de la défense (CNSD) à Fontainebleau, en Seine-et-Marne, où la température ne dépasse pas encore les 20 °C, difficile de s’imaginer qu’une expérimentation sur la tolérance à la chaleur est sur le point de commencer. Pourtant, ce jeudi 20 juillet, sur la ligne de départ de ce circuit de 1 kilomètre, normalement réservé aux entraînements physiques des militaires, dix athlètes attendent le signal. A 10 heures, ils se lanceront dans une course d’endurance de six heures, durant laquelle ils devront courir à vitesse régulière sans s’arrêter, avant d’être soumis à une série de tests biomédicaux.

Tôt le matin, ils ont multiplié les examens : bilan sanguin, évaluation locomotrice, tests cognitifs, relevé du poids et de la température… Pour les quatre médecins et la vingtaine de chercheurs de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) qui encadrent l’expérimentation, récolter le plus de données physiologiques et biologiques possible est essentiel au bon déroulement du projet. « Plusieurs axes nous intéressent, explique le médecin en chef Pierre-Emmanuel, à l’origine de l’étude (pour des raisons de sécurité, les personnes citées ne sont désignées que par leur prénom). On veut d’abord avoir une idée du stress thermique enduré, indiqué par le niveau de température centrale qu’on va mesurer à l’effort. » A cet effet, chaque coureur a ingéré une gélule connectée capable d’enregistrer la température corporelle en continu. « On fait aussi un certain nombre de bilans biologiques pour identifier des biomarqueurs de stress thermique, préciser le degré d’hydratation… », poursuit le médecin. Le fonctionnement des principaux organes (reins, cœur, etc.) est aussi étudié.

Il y a près d’un an, ce médecin, également chercheur thermo-physiologiste à l’unité Physiologie de l’exercice et des activités en conditions extrêmes, décidait de monter cette étude scientifique dénommée Penthere, pour « performance, endurance, thermorégulation, récupération ». Les données recueillies serviront à prévenir les risques de défaillance de l’organisme des militaires, régulièrement soumis à des climats extrêmes lors de leurs opérations à l’étranger.

Recommandations sur le terrain

« On veut être capable de prédire la tolérance individuelle à la chaleur en cas d’exercice physique de longue durée, explique l’initiateur du projet. On veut aussi pouvoir proposer des contre-mesures pour les militaires sur le terrain, pour qu’ils puissent tolérer au mieux les chaleurs extrêmes. » Il pourra s’agir par exemple de recommandations concernant l’hydratation et le sommeil, d’une adaptation des textiles des uniformes et des rations de combat. Des dispositions qui n’avaient pas été systématiquement mises en œuvre jusqu’à présent. « Est-ce que c’est vraiment une bonne idée de servir de la tartiflette au Sahel ?, plaisante le médecin en chef Cyprien, également chargé de l’étude. C’est pourtant ce qu’on fait aujourd’hui. »

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