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Mahamadou Cissé, 21 ans, tué par son voisin à Charleville-Mézières : crime « par exaspération » pour les uns, raciste pour les autres

Assetou Cissé, sœur de Mahamadou Cissé, avant sa prise de parole lors d’un rassemblement contre la remise en liberté de l’homme qui a tué son frère, devant le Palais de justice de Reims (Marne), le 25 juillet 2023.

Mardi 25 juillet, devant une cinquantaine de personnes, Assetou Cissé prend le micro sur les marches du tribunal judiciaire de Reims (Marne) pour exprimer sa colère. Elle évoque « une enquête judiciaire biaisée » et une juge d’instruction « cédant à la pression de l’extrême droite ». Le 9 décembre 2022, elle a perdu son petit frère, Mahamadou Cissé, jeune homme de 21 ans tué par balle à Charleville-Mézières par Hocine A., un monsieur âgé de 83 ans.

Assetou Cissé exprime son mécontentement après la remise en liberté sous contrôle judiciaire du tireur (avec interdiction de quitter le territoire national et de se rendre dans les Ardennes), le 21 juillet, dans l’attente de la fin de l’instruction et d’un éventuel procès. « Aujourd’hui, la juge a mis un assassin dehors. Il aura fait six mois de détention, nous on a pris perpétuité », harangue la grande sœur de 31 ans, devenue porte-parole de la famille. « La juge a estimé qu’il pouvait être remis en liberté parce qu’il n’y avait plus de risque de récidive et plus de trouble à l’ordre public. Cette décision est conforme à ma réquisition », répond de son côté Ludovic André, procureur intérimaire de Reims.

Les faits qui se sont déroulés dans la soirée du 9 décembre 2022 sont « d’une cruelle simplicité », selon la conclusion du rapport de synthèse des investigations policières, dont Le Monde a pu prendre connaissance. Ce soir-là, Hocine A. tire à bout portant et tue Mahamadou Cissé au 12, rue des Chardonnerets, dans le quartier populaire de la Ronde Couture. L’accusé lui-même reconnaît les faits. Cependant, les témoignages divergent sur les circonstances ayant conduit à ce drame.

Version des faits contestée

Selon l’octogénaire, tout aurait commencé vers 20 h 30, après un énième accrochage avec des jeunes qui squattent son hall d’immeuble et l’empêchent d’entrer dans son appartement du rez-de-chaussée. Des incivilités qui persisteraient depuis neuf ans. Le lieu est connu dans le quartier pour être un point de deal et Hocine A. a déjà fait remonter des plaintes au bailleur social ainsi qu’à la police municipale. Le ton monte avec le groupe de jeunes « s’adonnant à la consommation d’alcool et à la vente de drogue », toujours selon lui (aucune trace d’alcool ou de drogues n’a pourtant été trouvée lors de l’autopsie de Mahamadou Cissé).

Bakary Cissé, frère aîné de Mahamadou Cissé, dans l’appartement de Hocine A., saccagé la nuit du meurtre du jeune homme, à Charleville-Mézières, le 25 juillet 2023.

Une fois dans son appartement, l’octogénaire se dirige dans la salle de bains et saisit dans l’armoire une carabine 22 long rifle, réplique d’un fusil d’assaut de type M16, chargée de 15 cartouches. L’homme détient cette arme non déclarée depuis au moins vingt-cinq ans et l’avait achetée chez Cora, en vente libre à l’époque, « pour le plaisir ». Une fois dans le hall, la plupart des jeunes se seraient enfuis, sauf un. « Il me traite de “fils de pute” et me crache dessus, raconte l’homme âgé aux enquêteurs. C’en était trop. J’avais ma carabine dans les mains, je la tenais à la hanche, j’ai tiré une seule balle. » Mahamadou Cissé, touché au thorax, s’effondre. Hocine A. assure qu’il n’avait pas de rancœur particulière contre ce jeune-là, il ne reconnaît d’ailleurs même pas cet ancien voisin qui avait déménagé trois ans auparavant. Il dit aussi qu’il n’avait pas l’intention de tirer et qu’un seul coup était parti.

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