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Le rapport de force s’inverse entre saisonniers et employeurs

Un serveur saisonnier dans un bar, à Nice, le 31 mai 2022. 

Finalement, le bouche-à-oreille aura été la solution la plus efficace. A la dernière minute, Nadia Savonnière et son mari ont fini par trouver, fin juin, les saisonniers qui leur manquaient pour sauver leur été. Néanmoins, ces propriétaires d’un hôtel situé à Méréville (Meurthe-et-Moselle), au sud de Nancy, le reconnaissent : s’ils y sont parvenus, c’est grâce à leur réseau. « Il s’agit de trois étudiantes de 19 à 20 ans qui viennent toutes de notre village », raconte la patronne, qui dit ne même pas avoir regardé si elles avaient une quelconque formation.

Car 2023 ne ressemble en rien aux autres années. L’entreprise de sous-traitance à laquelle le couple s’adresse depuis plus de dix ans pour recruter des femmes de chambre n’avait cette fois aucun candidat à lui proposer. « Les personnes se présentent au rendez-vous, puis on ne les revoit plus après », explique Mme Savonnière. Autre fait inédit, alors que les recrues travaillaient de mai à septembre, cette année, elles ne sont disponibles que deux mois tout au plus. Avec, de surcroît, des horaires aménagés sur la période : « En plein été, les saisonniers prenaient habituellement un jour et deux demi-journées de repos par semaine. Cette année, leur semaine se limite à quatre jours de travail. »

Ces professionnels du tourisme sont loin d’être les seuls à avoir dû bouleverser leurs habitudes. Si la situation semble s’être améliorée par rapport à 2022 en matière de recrutement dans les campings − où quatre salariés sur cinq sont des saisonniers −, dans l’hôtellerie et la restauration, elle reste nettement plus contrastée. « Malgré les efforts qui ont été faits, 45 % de nos hôteliers ont plus de difficultés à recruter que l’an dernier », déplore Karim Soleilhavoup, directeur général du groupe Logis Hôtels, qui embauche 30 000 saisonniers chaque été.

La raison ? Elle tiendrait, selon lui, à des exigences toujours plus difficiles à satisfaire. « Avant, l’esprit, c’était de jouer collectif », assure-t-il, en se référant au partage des lieux d’habitation. Aujourd’hui, serveurs, réceptionnistes, barmen et autres employés veulent « cloisonner leur vie personnelle de leur travail », « avoir leur “home sweet home” », « pouvoir emmener leur animal domestique avec eux », « être nourris sur place » et, si possible, « ne pas travailler le soir », énumère-t-il, un brin désarçonné.

Inconvénients du travail en coupure

Depuis la fin de la pandémie de Covid-19, le million de saisonniers embauchés chaque été dans l’Hexagone sait davantage se faire désirer. « Les professionnels du secteur subissent très clairement le contrecoup des mauvaises pratiques qui ont été menées ces dernières années, parfois jusqu’à la maltraitance », relève Stéphanie Dayan, secrétaire nationale CFDT-Services, pour qui « c’est un juste retour des choses ».

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