Close

Suède : un nouvel exemplaire du Coran piétiné et brûlé, dans un contexte de tensions avec des pays du Moyen-Orient

Salwan Momika, le réfugié irakien à l’origine des profanations du Coran en Suède, à Stockholm, le 20 juillet 2023.

Salwan Momika et Salwan Najem ont piétiné, lundi 31 juillet, un exemplaire du Coran avant d’y mettre le feu au cours d’un rassemblement devant le Parlement à Stockholm, a rapporté l’Agence France-Presse.

Alors que les relations entre la Suède et plusieurs pays du Proche-Orient se sont détériorées après plusieurs profanations du Coran, la police suédoise avait autorisé samedi cette manifestation, selon des médias locaux. Les organisateurs ont déclaré qu’ils voulaient l’interdiction du livre sacré musulman en Suède. « Je le brûlerai plusieurs fois, jusqu’à ce que vous l’interdisiez », a déclaré Salwan Najem au journal Expressen.

Le 28 juin, Salwan Momika, 37 ans, réfugié irakien en Suède, avait déjà incendié des pages du Coran devant la grande mosquée de Stockholm au premier jour de l’Aïd el-Adha, fête célébrée par les musulmans à travers le monde. Il avait également piétiné et déchiré un exemplaire du livre saint le 20 juillet devant l’ambassade d’Irak à Stockholm.

Dimanche, le Danemark voisin a annoncé vouloir limiter d’éventuelles nouvelles manifestations prévoyant des profanations du Coran, invoquant les problèmes de sécurité impliqués. Selon le ministère danois des affaires étrangères, les manifestations ont « atteint un niveau où le Danemark, dans de nombreuses régions du monde, est perçu comme un pays qui facilite l’insulte et le dénigrement des cultures, [des] religions et [des] traditions d’autres pays ». A la fin de juillet au Danemark, le mouvement d’extrême droite Danske Patrioter a posté la vidéo d’un homme profanant et brûlant ce qui semble être un coran et piétinant un drapeau irakien.

Tensions diplomatiques

Le premier ministre et le président irakiens ont condamné lundi « avec véhémence les actes répétés de profanation » du Coran. Ils ont appelé les pays où se déroulent ces actes à adopter « une position plus ferme et à mettre un terme à ces pratiques criminelles ».

Les ministres des affaires étrangères des 57 Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), établie à Djedda, en Arabie saoudite, ont tenu lundi une réunion extraordinaire par visioconférence. « Nous sommes déçus de constater qu’aucune mesure n’a été prise au niveau officiel [en Suède et au Danemark] pour prévenir la récurrence de ces actes de provocation », a déclaré le secrétaire général de l’OCI, le Tchadien Hissein Brahim Taha, ajoutant : « Nous vouons tout le respect aux peuples suédois et danois et nous savons que les actes commis sur leurs territoires sont l’œuvre d’une minorité d’extrémistes. »

L’OCI a fait savoir que M. Taha dirigerait une délégation pour demander à l’Union européenne « de prendre les mesures nécessaires pour que cet acte criminel ne se reproduise plus sous le prétexte de la liberté d’expression ». L’organisation a également appelé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à nommer un envoyé spécial contre l’islamophobie.

« Rejet de tout acte islamophobe »

Le ministre suédois des affaires étrangères, Tobias Billström, a déclaré lundi avoir été en contact avant la réunion avec plusieurs de ses homologues de pays membres de l’OCI. Dans un communiqué, M. Billström a expliqué qu’il les avait informés de la manière dont étaient accordées les autorisations de manifester en Suède et du fait que la police suédoise prenait ce type de décision en toute indépendance.

Le Monde Application

La Matinale du Monde

Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer

Télécharger l’application

« J’ai également répété que le gouvernement est très clair dans son rejet de tout acte islamophobe réalisé par des individus lors de manifestations en Suède », a ajouté M. Billstrom. La police suédoise avait souligné auparavant que les permis accordés ne concernaient que l’organisation de rassemblements publics et ne portaient pas sur ce qui s’y produisait.

Les actes de profanation du Coran ont été condamnés par Al-Azhar, l’une des plus prestigieuses institutions de l’islam sunnite, basée en Egypte, et ont soulevé une vague d’indignation et de protestations ainsi que des tensions diplomatiques au Proche-Orient. A Bagdad, le 20 juillet, des centaines d’Irakiens avaient envahi et mis le feu à l’ambassade de Suède. L’ambassadrice suédoise a été expulsée d’Irak et l’Iran a fait savoir qu’il n’accepterait pas de nouvel ambassadeur du pays scandinave sur son territoire. Les destructions ostentatoires du livre sacré de l’islam « ont accru les risques pour la Suède », a noté le premier ministre suédois, Ulf Kristersson, dans un message sur Instagram.

Des musulmans chiites protestant contre l’autodafé d’un Coran devant une mosquée suédoise, à Srinagar (Inde), le 29 juillet 2023.

Le Monde avec AFP

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top