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La stratégie risquée de LR face à Marine Le Pen : se rapprocher des idées du RN en se présentant comme plus « compétent »

Laurent Wauquiez et Eric Ciotti lors de la réunion de rentrée des parlementaires du parti Les Républicains (LR) à Nîmes, le 9 septembre 2021.

En politique, la publicité comparative a toujours été autorisée. Et certains ne s’en privent pas. Quand le parti Les Républicains (LR) dépose ses deux textes de loi sur l’immigration en mai, le président, Eric Ciotti, en vante les qualités, le sérieux juridique et affirme que le Rassemblement national (RN) « n’est pas capable d’en faire le dixième ». La proposition de loi constitutionnelle a été chapeautée par Guillaume Larrivé, ex-député de l’Yonne, mais surtout conseiller d’Etat, le genre de profil très rare du côté du RN. « Leur problème, c’est qu’ils sont incapables techniquement d’écrire des propositions de loi, estime le patron des députés LR, Olivier Marleix. Dans le fond, ils ont toujours un problème de compétence. »

Tant pis si Marine Le Pen crie aux copieurs et rappelle qu’elle propose un référendum sur le sujet depuis deux ans, la droite continue à instruire son procès en incompétence pour se démarquer d’elle et de sa formation. Une question de survie, peut-être. A la recherche d’un espace politique entre la majorité macroniste et le RN, la droite multiplie les propositions dans le domaine régalien (sécurité, immigration), considéré comme un angle mort du camp présidentiel et sur lequel ils s’estiment plus armés intellectuellement que l’extrême droite.

Une façon de tenter de rivaliser avec le nom Le Pen, le plus associé à la dénonciation de l’immigration. « Face à cette concurrence, les Républicains essaient de ressusciter l’idée que la droite a une accumulation d’expériences au pouvoir, de jouer sur leur crédibilité gouvernementale », note le politiste Bruno Cautrès, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po.

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Si LR a été contraint à entamer une cure d’opposition depuis 2012, ses chefs se présentent comme un « parti de gouvernement » pour mieux renvoyer le RN à son inexpérience totale en matière de gestion du pays. C’est le cas de Laurent Wauquiez, qui se positionne comme un potentiel candidat de la droite pour l’élection présidentielle de 2027. « Je suis convaincu que les Français ont un fort doute sur la compétence de Marine Le Pen, qui n’a jamais exercé la moindre responsabilité et qui n’a pas l’expérience de l’Etat, pour faire face à une telle situation », avançait le président de la région Auvergne-Rhônes-Alpes, le 12 juillet, dans Le Figaro, quelques jours après les violentes émeutes en France.

« Ce sont nos idées »

Cette conviction, un peu au doigt mouillé, suffit-elle pour rendre encore opérant l’argument avancé par la droite ? Selon le politiste Dominique Reynié, les temps ont changé et les partis dits « de gouvernement », à l’instar de LR, bénéficient beaucoup moins dans l’opinion du « privilège de la compétence ». « Si on prend les personnes très sensibles à la question de l’immigration, l’idée qui vient à l’esprit n’est pas que les différentes majorités ne sont pas capables de voter des lois efficaces, mais qu’elles n’ont pas eu la volonté de faire, développe le directeur général de la Fondation pour l’innovation politique. C’est un défaut de volonté plutôt que de compétence. Et, à ce niveau-là, le RN dispose d’un avantage, car il est perçu comme plus volontaire. Il n’a jamais gouverné, donc n’a jamais été pris en défaut de volonté. »

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