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Les épingles de catogan des soldats de Napoléon, symboles d’« un tournant dans l’histoire militaire »

Epingles de catogan utilisées par les soldats de Napoléon pour attacher leurs cheveux.

De l’épopée napoléonienne ce n’est pas l’épisode le plus connu. Rafraîchissons donc les mémoires en rappelant qu’entre septembre 1803 et août 1805 Bonaparte (qui devient Napoléon Ier dans l’intervalle) met sur pied un grand projet d’invasion de l’Angleterre. Le long des côtes de la Manche, de la Bretagne aux Pays-Bas, il rassemble une armée considérable de près de 200 000 hommes et une flottille de débarquement de plus de 2 000 bateaux. Une véritable opération « Overlord » à l’envers, qui n’aura pas lieu, la Royal Navy tenant le Channel d’une main de fer.

« D’ajournement en ajournement, les troupes vont stationner sur ces côtes pendant deux ans », résume Frédéric Lemaire, de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui travaille depuis une quinzaine d’années sur les guerres de l’Empire et les soldats napoléoniens. En préalable à la construction d’un lotissement à Etaples-sur-Mer (Pas-de-Calais), il a dirigé la fouille imposante de la quasi-totalité du camp du 69régiment d’infanterie de ligne. « Cela représentait deux cents baraques qui étaient semi-enterrées pour les protéger des intempéries et économiser des matériaux de construction », explique l’archéologue. Grâce à cette particularité, tout ce que les hommes ont laissé ou perdu dans ces habitations s’est retrouvé sous le niveau du sol et a été préservé.

L’étude du camp a montré que « les soldats campaient, bivouaquaient, “baraquaient” comme ils se battaient : en ligne, sur trois rangs qui avaient la même largeur et la même longueur que sur les champs de bataille », souligne Frédéric Lemaire. On est loin de la légende dorée napoléonienne quand on s’aperçoit que les militaires de base « logeaient à seize dans des baraques de moins de 18 mètres carrés ». Une promiscuité totale et des conditions de vie très rudes.

Un tournant dans l’histoire militaire

Le matériel retrouvé dit bien le quotidien du soldat. On a bien sûr quantité de boutons et de boucles d’uniforme, des petites monnaies de cuivre, des pipes en terre cuite, des petits outils pour l’entretien du fusil, des canifs. Aussi des dominos en os, car il fallait bien tuer le temps – les cartes à jouer ne se sont pas conservées. Mais c’est un autre objet que Frédéric Lemaire met en avant : l’épingle de catogan en cuivre, avec une partie arrondie timbrée du numéro de régiment. Car se produit en 1804-1805 « un tournant dans l’histoire militaire : la fin des cheveux longs, liée à la fois à la problématique de l’hygiène du soldat et à une volonté de contrôle social. Cela a été compliqué à imposer et il y a eu des séances où les soldats se mettaient en ligne et coupaient les cheveux de celui de devant ».

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