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A Wallis-et-Futuna, l’Internet de Starlink défie l’autonomie stratégique française

Cela ne se dit pas trop sur place, car cela reste interdit, mais beaucoup cèdent à la tentation : Wallis-et-Futuna, le territoire français le plus éloigné du Pacifique, connaît une miniruée vers les kits de connexion à Internet Starlink, l’entreprise américaine d’Elon Musk. Un beau sujet pour la souveraineté nationale que le président Emmanuel Macron entend défendre lors de sa visite en Océanie, du 24 au 29 juillet. Le chef de l’Etat a toutefois annulé son déplacement à Wallis, où le climat social est tendu – les instituteurs, lancés dans une grève dure depuis deux mois, demandent des comptes à l’Etat quant à leur statut.

L’Assemblée territoriale wallisienne devrait prochainement prendre une délibération sur la connectivité de l’archipel. Ancien président de l’assemblée, le sénateur Mikaele Kulimoetoke (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants) alerte sur la situation. « Des personnes ont acheté le kit de connexion Starlink ici en France, car il est moins cher, et l’ont installé avec succès. Cela pose un problème pour l’Etat français et la sécurité extérieure en raison de la captation des données. Mais ce dernier a déjà cédé beaucoup aux Etats-Unis et à la Chine dans ce domaine, estime-t-il. Et comme la France a dit oui à Starlink sur son territoire, je me vois mal soutenir à Wallis une décision d’interdiction qui risque de devenir ridicule dans le temps. »

En France, l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) a donné son accord en mai 2021 à Starlink. L’entreprise américaine compterait déjà plus de dix mille abonnés à ce jour dans l’Hexagone. A Wallis-et-Futuna, soumises au monopole du Service des postes et télécommunications (SPT), qui travaille avec Orange, une centaine de personnes au moins se seraient déjà connectées depuis le mois de juillet, profitant d’une offre promotionnelle récente de Starlink qui abaisse le coût de son équipement. La constellation en orbite basse des satellites d’Elon Musk offre une connexion individuelle haut débit de 200 mégabits par seconde pour 40 euros d’abonnement par mois, somme à laquelle s’ajoute le matériel (200 euros).

Entreprises et administrations pénalisées

En y consacrant l’intégralité du 11e Fonds européen de développement qui lui est alloué, à hauteur de 19 millions d’euros, et grâce à un financement relais de l’Agence française de développement (AFD) de 13 millions, Wallis-et-Futuna a pourtant investi pour se brancher depuis 2018 au câble Tui-Samoa, qui rejoint les Samoa à Fidji. « Une opportunité historique de développement » sur une terre enclavée qui a perdu 30 % de sa population en quinze ans, avait alors indiqué l’AFD.

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