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« Si les parents sont présentés comme responsables des violences, alors les élites sont responsables du sort de leurs concitoyens »

Nous sommes des parents qui travaillons dans le monde de l’entreprise, de la culture, de l’éducation. Nous avons élevé nos enfants du mieux que nous avons pu et voulons témoigner de notre solidarité envers d’autres parents tout aussi désireux que nous de faire réussir leurs enfants mais qui sont présentés comme responsables des violences actuelles par tant de personnalités politiques.

Le président de la République (le 30 juin à l’issue du comité interministériel de crise) en appelle au « sens de la responsabilité des pères et des mères de famille ». Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin (le 3 juillet en visite à Saint-Quentin dans l’Aisne), affirme que « la police ne peut pas éduquer les enfants à la place des parents ».

Le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, annonce (au Sénat, le 5 juillet) avoir « rédigé un flyer à destination des parents » pour expliquer quelles sont leurs obligations « en termes simples [sans doute parce que ces gens-là ne comprennent pas tout !] à ceux qui les auraient oubliées ».

Réfléchissons collectivement à l’avenir de nos enfants

Eric Ciotti (le 4 juillet) demande à nouveau la suppression des allocations familiales aux parents dont les enfants sont absentéistes à l’école. Quant à Marine Le Pen, elle propose (le 6 juillet sur France 2) deux ans de prison pour manquements aux obligations éducatives aux parents concernés. Ce concours Lépine des idées stupides serait risible s’il ne permettait aux élites du pays de se défausser de leurs responsabilités. Réfléchissons plutôt collectivement à l’avenir de nos enfants.

Pensons déjà à nos propres enfants, nous les parents « responsables » qui nous efforçons de les accompagner dans la réussite scolaire, qui les recommandons à nos amis pour leur stage de 3e, puis pour une première embauche, qui leur garantissons autant que nous le pouvons une présence attentionnée renforcée par des nounous, des baby-sitters et des grands-parents disponibles.

Malgré tous ces efforts, des parents qui nous ressemblent voient leurs enfants devenus adultes « mal tourner ». Ils n’ont pas volé des canettes, brûlé un gymnase, caillassé des commissariats, mais ils ont dérobé à la communauté nationale des milliards d’euros par de la fraude fiscale ou des placements paradisiaques, détourné des subventions, sabordé des entreprises en laissant des milliers de salariés sans emploi pour empocher quelques millions d’euros en actions, utilisé des produits dangereux pour la santé en toute connaissance de cause… et pourtant, ils ne viennent pas des « cités ».

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