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En Afrique, des intérêts économiques russes très restreints

Un visiteur examine un lance-roquettes RPG-29 de fabrication russe, en marge du sommet Russie-Afrique, à Sotchi, le 24 octobre 2019.

En octobre 2019, dans la station balnéaire de Sotchi, sur les bords de la mer Noire, près de 3 000 délégués africains, dont 43 chefs d’Etat, avaient pu tenir dans leurs mains une kalachnikov nouvelle génération, poser devant des blindés russes ou découvrir, au gré des différents stands, les offres de Moscou en matière de reconnaissance faciale, de nucléaire civil et d’extraction minière.

Le président Vladimir Poutine avait alors affiché sa volonté de promouvoir les investissements et de doubler les échanges, de 20 milliards de dollars (environ 18 milliards d’euros) à 40 milliards, en l’espace de cinq ans, tout en promettant d’organiser le sommet tous les trois ans. Revoici donc, après plusieurs mois de retard lié à la guerre en Ukraine, le sommet Russie-Afrique, qui se tiendra, cette fois-ci, jeudi 27 et vendredi 28 juillet, à Saint-Pétersbourg, l’ancienne capitale de l’Empire russe.

Que s’est-il passé entre-temps ? Avec l’invasion de l’Ukraine, le contexte a profondément changé. Mais, dans le nucléaire, Rosatom s’enorgueillit de construire en Egypte la deuxième centrale d’Afrique, pour environ 25 milliards de dollars, grâce à un prêt russe. Le leader du diamant Alrosa a découvert des gisements au Zimbabwe, tandis que le géant de l’aluminium Rusal extrait de la bauxite en Guinée. Sans compter qu’en République centrafricaine, les mercenaires de Wagner gèrent aujourd’hui la principale mine du pays, Ndassima, et ont également construit… une brasserie.

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Néanmoins, des 12,5 milliards de dollars de protocoles d’accord signés à Sotchi, « pas grand-chose ne s’est concrétisé », affirme Thierry Vircoulon, spécialiste de l’Afrique centrale et australe à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Et le chercheur de citer un accord de 500 millions de dollars pour la rénovation d’un chemin de fer en République démocratique du Congo qui a été « vite oublié ». « C’est ce que j’appelle des “contrats d’apparat”, et cela fait beaucoup partie de la stratégie russe, soviétique d’ailleurs, d’apparaître plus gros que l’on est. »

« Une petite option qui n’est ni la Chine ni l’Amérique »

La Russie est un partenaire secondaire en Afrique, et même un « nain économique », selon un rapport de 2019 de l’IFRI. Loin devant, la Chine totalisait 254 milliards de dollars d’échanges en 2021 avec le continent, qui commerce également beaucoup avec l’Union européenne, les Etats-Unis ou encore la Turquie. Bien avant Sotchi, dès 2014, le Kremlin a voulu développer ses liens avec l’Afrique, cherchant de nouveaux partenaires, en raison notamment des sanctions occidentales adoptées après l’annexion unilatérale de la Crimée, notait l’IFRI.

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