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Paris 2024 : Ysaora Thibus, escrimeuse à la pointe des combats

Les corps sont poussés à bout, la sueur perle sur le visage d’Ysaora Thibus. La matinée s’achève, et le combat touche à sa fin. La fleurettiste est menée 10 touches à 8 par son coéquipier Alexandre Sido. La jeune femme s’encourage, remet son masque d’où s’échappent ses longues nattes brunes. Elle place ses attaques, les armes s’entrechoquent, les chaussures crissent sur la piste au gré du ballet des deux escrimeurs. Elle finit par l’emporter 15 à 12, à l’orgueil. Ce n’est qu’un entraînement, mais la championne, essorée par l’assaut qu’elle vient de donner, serre le poing dans le gymnase Duplessy de Forges-les-Eaux.

C’est dans cette petite ville thermale cossue de Seine-Maritime que l’équipe de France – presque au grand complet en cette mi-juillet – prépare les championnats du monde de Milan (du 22 au 30 juillet). A un an des Jeux olympiques de Paris, Ysaora Thibus, qui entre en lice ce mercredi en Italie, s’avance comme la fine lame d’une escrime tricolore qui a retrouvé sa fierté après l’humiliation de Londres 2012 (zéro médaille).

Pour la licenciée du club de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), il s’agit autant de conserver son titre de championne du monde obtenu au Caire en juillet 2022 – le premier pour une Française depuis Marie-Chantal Demaille en 1971 – que de « tester encore des choses » avant le début du tournoi olympique sous la coupole monumentale du Grand Palais. A Paris, l’escrimeuse de 31 ans disputera ses quatrièmes JO, probablement ses derniers.

« Je veux l’or à Paris, je mets tout en place chaque jour à l’entraînement dans ce but. Mais ce n’est pas l’or à tout prix, c’est l’or à ma façon », confie la jeune femme au Monde, comme pour évacuer la pression des attentes croissantes qui pèsent sur elle. « Une chose est sûre, je sais que j’en suis capable. »

Entraînement d’Ysaora Thibus avec son coéquipier Alexandre Sido, dans le gymnase où l’équipe de France d’escrime se prépare tous les ans, à Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), le 13 juillet 2023.

Ysaora Thibus sait ce qu’elle veut. La longiligne athlète (1,75 mètre) a toujours conduit sa vie comme elle l’entendait. Un trait de caractère forgé dès son enfance, dans sa Guadeloupe natale. Sa mère, pharmacienne, et son père, entrepreneur dans l’aluminium, ne comptent pas leurs heures, rentrent tard à la maison le soir. « J’étais autonome très jeune », se souvient la championne, qui doit alors s’occuper de son petit frère, grâce auquel elle découvre l’escrime à 7 ans en l’accompagnant à un entraînement. Coup de foudre immédiat. Elle remise ses chaussons de danse classique. Le fleuret devient une « addiction ».

Premiers podiums

Ysaora fait à nouveau preuve d’indépendance et de détermination quand, en 2008, âgée de 17 ans, elle débarque en métropole, loin de sa famille, au pôle espoirs d’Aix-en-Provence. Pas pour longtemps. Son habileté arme en main la propulse au bout d’un an seulement à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), le creuset de l’excellence sportive française, situé dans le bois de Vincennes (Val-de-Marne).

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