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Législatives 2024 : les syndicats de policiers peinent à maintenir leur neutralité

Des policiers brandissent des drapeaux du syndicat Alliance lors d’une manifestation près de l’aéroport de Blagnac, à Toulouse, le 18 janvier 2024.

Nulle part n’est mentionnée la moindre consigne de vote pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. Mais la lecture du tract incendiaire rendu public, jeudi 20 juin, par le syndicat Alliance-Police nationale, réputé pour ses positions très tranchées en matière de sécurité, ne fait guère illusion. Il pourrait être intitulé « Haro sur le Nouveau Front populaire ».

« Pseudo-militants politiques (…) prêts à racoler pour une poignée de voix », « logique dogmatique et outrageante » des « antiflics » : dans ce document de deux pages, sobrement intitulé « Lettre ouverte », où figure en surimpression le profil de Fabien Vanhemelryck, le secrétaire national d’Alliance, les mots pèsent lourd, dans une campagne polarisée à l’extrême. Sans avoir besoin d’être trop pressée par sa base, la direction du syndicat a dû réagir aux slogans aperçus sur plusieurs pancartes brandies à l’occasion des manifestations contre l’extrême droite, le 15 juin, à l’appel des partis de gauche, des syndicats et des associations.

« “Un flic suicidé à moitié pardonné”, “Tout le monde déteste la police”, (…) autant de déclarations qui doivent être condamnées sans rester dans l’indifférence générale », proclame le texte, qui désigne, sans les citer nommément, plusieurs personnalités de l’alliance des partis de la gauche. Ainsi de Louis Boyard, député sortant (La France insoumise) du Val-de-Marne, dont le domicile avait été placé sous surveillance policière après des menaces reçues au plus fort de la crise des retraites, en février 2023. Le syndicat « propose » aux élus placés dans la même situation de « signer une décharge de protection et de sécurité », précisant qu’ils « ne veulent pas être protégés en cas de menaces avérées sur leur personne ».

Discours sécuritaire

Un autre extrait, évoquant les candidats « qui pactisent avec les haineux », les appelle à « se désolidariser » et à « choisir l’honneur plutôt que la veulerie ». Difficile de ne pas saisir l’allusion à Fabien Roussel, chef de file des communistes, dont les fréquentes prises de position favorables aux forces de l’ordre avaient été largement relayées – et appréciées – au sein de la corporation. En septembre 2023, M. Roussel avait notamment refusé de participer à une manifestation contre les violences policières : « Je n’ai pas envie de manifester en entendant “Tout le monde déteste la police”, ce n’est pas vrai et je ne partage pas ce slogan-là », avait-il expliqué, à l’époque, sur Franceinfo.

En dépit de cette charge anti-Nouveau Front populaire, Eric Henry, porte-parole du syndicat, persiste à affirmer qu’Alliance « ne donne aucune consigne de vote : c’est le policier citoyen et non le fonctionnaire syndiqué qui exprime son suffrage en son âme et conscience dans le secret de l’isoloir ».

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